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Une résistance franco-suisse

Une résistance franco-suisse
Cabédita 223 pages
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Avis de Alexandre : "La Suisse dans la Seconde Guerre mondiale, ni neutre ni belligérante"

Ce livre revisite l’action de la Confédération helvétique au cours de la Seconde Guerre mondiale. Si ce pays a été largement critiqué pour le peu de juifs pourchassés par les nazis qu’il a accueillis sur son sol et pour le rôle économique qu’il eût pendant le conflit, il apparaît que inquiet d’une menace de l’Allemagne nazie, il est développé en France des réseaux de renseignements destinés à assurer sa sécurité. En contrepartie, il laisse une large marge de manœuvres aux services secrets alliés, y compris ceux de la France gaulliste, du moment « qu’ils ne se manifestent pas ostensiblement » (page 17).

Le réseau Micromégas agit non seulement entre Lyon et Genève mais également en Franche-Comté et récolte même des informations sur les forces militaires allemandes stationnées en Normandie et Bretagne, en liaision avec le BCRA (le service de renseignement et d'actions clandestines de la France libre).Il se structure à partir de l'été 1942. C’est un tableau de cette structure qu’Yves Mathieu étudie dans toutes ses dimensions. Cela permettant d’évoquer des personnalités comme Pierre Rimey (né le 25 août 1922 à Luxeuil les Bains, il trouvera la mort au cours des journées préparant la Libération de Besançon) et Gustave Filippi (mort au combat le 8 septembre 1944 à Besançon), pour les résidents en France.

En Suisse, on trouve Paul Frossard de Saugy lieutenant dans l'armée suisse, Raymond Lévy dit Brival né en 1913 à Paris, Simon  Cotoni ancien commissaire de police, chef de la brigade de surveillance du territoire à Nice. On notera qu’un Allemand antinazi Gérard David rendit de nombreux services en matière de renseignement, pour le compte de ce réseau. Ce réseau subit de terribles coups avec les arrestations et déportations de l'été 1944 dont celle de Jean-Paul Palewski, un Français d’origine polonaise dont on aurait aimé, comme pour beaucoup d’autres, une biographie plus conséquente. Ajoutons personnellement au moins qu’il fut député de Seine-et-Oise puis des Yvelines de 1958 à 1976, date de son décès.

Ceux qui s’intéressent à Ludovic-Oscar Frossard, député de la Haute-Saône de 1932 à 1942, aux origines juives par sa mère, natif du village de Foussemagne près de Belfort et directeur du journal Le Mot d’ordre sous l’Occupation, noteront l’erreur, dans l’index, de renvoyer à Paul Frossard de Saugy, pour ce qui est exposé page 182. Il s’agit en l’occurrence de cela, tiré d’un rapport de Rémond Lévy rédigé en décembre 1943 (et conservé aux Archives d’État de Genève) :

« Actuellement, le Maréchal se considère comme prisonnier des Allemands à la suite du refus catégorique qu’est venu signifier en leur nom Abetz. La scission entre le Maréchal et Laval serait toujours très profonde. Laval s’appuierait maintenant sur Déat et de Monzie qui n’ont plus crédit auprès du Maréchal. Celui-ci serait actuellement en complet accord avec Frossard qui aurait la faveur des Américains, et qui, en ce moment rencontrerait de nombreux sénateurs et députés pour leur faire comprendre l’intérêt de la réforme proposée par le Maréchal, intérêt d’autant plus grand que le gouvernement ne veut pas en entendre parler ».

Ceci amenant à ajouter qu’auraient été utiles quelques notes de bas de page, pour préciser par exemple qui étaient de Monzie et Frossard. Cela aurait sûrement permis d’éviter cette erreur et de rendre nettement plus accessible cet ouvrage qu’il ne l’est. Donc de valoriser une remarquable recherche.  

Pour connaisseurs Quelques illustrations

Alexandre

Note globale :

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