Avis de Xirong : "Comme il sait indiquer que les haines de races ne sont jamais, au fond, que des haines de places ! (Chantecler d’Edmond Rostand)"
La série "Les enfants de la Résistance" a une action dans un village très vraisemblablement de la Côte-d’Or, donc un peu plus au nord des lieux où est censé se passer la partie provinciale de "La Grande Vadrouille" avec Louis de Funès et Bourvil. C’est en BD pour les jeunes un peu l’équivalent de la série télévisuelle "Un village français", toutes deux démarrent avec l’arrivée des Allemands en juin 1940. Toutefois avec le film, on est dans le département du Jura et à la limite de la zone de démarcation alors que dans les BD cette même frontière artificielle est à peu près à soixante kilomètres du village de fiction Pontain-l’Écluse. Cette commune est vraisemblablement à situer sur le Canal de la Marne à la Saône, elle est entre Langres et Dijon comme il était précisé à la page 2 du dossier du premier tome.
Dans ce volume 5 à la page 10 est admirablement représenté un endroit très pittoresque fictif où le canal traverse une partie des contreforts des Vosges, par ailleurs comme dans "Un village français", on a là une ligne de démarcation qui est située sur un pont (page 4). Durant l'Occupation, le cas le plus connu est celui du pont Régemortes qui laisse le nord de la ville de Moulins en zone occupée ; c’est là que les membres et hauts fonctionnaires des gouvernements du Maréchal Pétain franchissaient la ligne de démarcation quand ils venaient de ou se rendaient à Vichy.
Un opérateur radio, parachuté en zone sud, est d’ailleurs présenté franchissant la ligne dans le départeùent du Jura.Selon les auteurs, il s’est agi de faire arriver en zigzagant, au village des jeunes héros, le “pianiste” par Lons le Saunier, Dôle et Gray. Page 22, on ahoute que juifs et prisonniers évadés franchissent aussi la Ligne. Les adultes fans des trains reconnaîtront là une locomotive de l’ancienne société PLM avec des voitures Bacalan. Cette série, a priori pour des jeunes de neuf-quatorze ans, accrochera d’ailleurs les personnes majeures qui ouvriront un de ces tomes. Au moment où la Ligne de démarcation rencontrait le canal du Centre, à Génélard (en Saône-et-Loire) est situé le Centre d'interprétation de la Ligne de démarcation, qui a réouvert en 2018 après une existence éphémère entre 2006 et 2015.
De plus on apprécie de voir, la jeune héroïne du trio, à la page 35, lire l’album "L’Espiègle Lili s’amuse", sorti en 1935 et le dessinateur reprend d’ailleurs la silhouette des dessins que l’on peut découvrir dans une page ici https://www.bedetheque.com/BD-Lili-L-espiegle-Tome-8a-L-espiegle-Lili-s-amuse-133689.html. On a également des affiches de propagande d’époque, dont page 47 celle bien connue où on voit une mère et sa fille qui se réjouissent que le père travaille en Allemagne. L’endoctrinement que subissent les enfants à l’école est mis en scène sur une page et demie, avec une allusion aux manuels devenus interdits (comme un ouvrage d'Ernest Pérochon et deux romans scolaires de Charles Vildrac, ajouterons-nous personnellement). Les bombardements alliés et leur instrumentalisation poar la propagande vichyssoise sont bien habilement mis en scène.
Voici donc une série allie rigueur, richesse et réalisme dans le récit. Nous sommes dans le temps à l’automne 1942 et dans l’hiver qui suit. Comme à l’accoutumé, on a huit pages documentaires, avec des illustrations. Ce n’est qu’à partir du 27 janvier 1944, que la Milice est autorisée par les autorités d'Occupation à s'implanter en zone Nord, il y a donc un léger anachronisme à présenter, dans les dernières pages du récit, au tout début 1943, des miliciens dans ce village de la zone occupée de juin 1940 à novembre 1942.
Accessible jeunesse Beaucoup d'illustrations