Avis de Adam Craponne : "Et Péant apporta encore un peu plus d’eau au Moulin appelé Jean par ses parents"
Ceux qui ont lu par le passé l’ouvrage de Pierre Péan intitulé "Vies et morts de Jean Moulin" connaissent déjà le traitre René Hardy. La manipulatrice de celui-ci Lydie Bastien, ils ont bien connu la personnalité et les actions de celle-ci grâce à l’ouvrage "La diabolique de Caluire" du même Pierre Péan. Si dans "Jean Moulin, l’ultime mystère", incontestablement on en apprend plus sur Hardy lui-même et ses procès (au dernier reconnu coupable par quatre voix sur sept, il est acquitté car il en aurait fallu cinq sur sept), Lydie Bastien par contre apparaît très peu.
En fait dans "Jean Moulin, l’ultime mystère", Pierre Péan reconstitue l’essentiel de la vie de Jean Moulin depuis mai 1940 jusqu’à son décès avec également de nombreuses pages sur la période de sa vie allant de 1936 à 1940 marquées en particulier par le rôle qu’a notre personnage dans l’aide officieuse apportée par le gouvernement du Front populaire aux républicains espagnols et du point de vue privé par la rencontre de ce dernier avec Antoinette Sachs. Le dernier mystère concernant Jean Moulin c’est qui fut la femme qu’il aima et quel fut son combat pour faire éclaircir les circonstances de sa mort. Décédé en décembre 1986, elle a permis le financement du musée Jean Moulin-Général Leclerc derrière la gare Montparnasse, un lieu inauguré en septembre 1994. Il y a quelques années, mais peut-être aujourd’hui encore, cet espace culturel offrait des intéressantes conférences qui avaient la particularité de se tenir sur la pause méridienne.
En prolongement un chapitre pose la question d’une éventuelle bisexualité de Jean Moulin. En effet en digne descendants de Roger Peyrefitte, qui voyant de discrets homosexuels chez quasiment tous les grands ou médiatiques hommes (dont d’ailleurs le roi Baudoin de Belgique), entendait bien mettre en lumière ces faits largement sortis de son imagination la plupart du temps, certains milieux homosexuels, revendiquent de compter Jean Moulin dans leurs rangs. En fait le résistant Henri Frenay, non content d’accuser Jean Moulin d’être communiste, eut l’idée en apprenant que Daniel Cordier, son secrétaire au début des années 1940, le fut, de rajouter ce qui à ses yeux (et espérait-il auprès d’une large population française des Trente glorieuses) pouvait le discréditer une fois de plus. Henri Frenay fut lui un ardent pétainiste des premiers temps et là-dessus il n'y a aucun doute, d'après Daniel Cordier.
Ce n’est pas seulement pour l’après-guerre que l’image d’Henri Frenay est égratignée. Si Pierre Péan ne dit pas, faute de preuve, que ce n’est pas le seul traître Hardy mais un groupe de certains chefs résistants qui ont balancé Jean Moulin aux Allemands pour s’en débarrasser car il gênait leurs propres intérêts, il montre bien que sa disparition fit plus d’heureux chez les Français résistants que chez les Allemands traqueurs de résistants. Il est à noter que la récente entrée de Pierre Brossolette au Panthéon permet de dire clairement que ces deux hommes si proche idéologiquement (l’un Jean Moulion à l’aile gauche des radicaux et l’autre Pierre Brossolette chez les socialistes) et à la mort si semblable se détestaient durant la période de l’Occupation.
Pour connaisseurs Peu d'illustrations