Avis de Zaynab : "Pour 1944 le département de la Manche est un lieu chargé d’histoire"
Le récit-cadre se présente sous la forme d’un carnet rédigé en 1944 par un jeune de quatorze ans et retrouvé par sa petite-fille quatre-vingt-ans plus tard. Au récit ont été ajoutées des images de nombreuses scènes pour aider le lecteur a mieux saisir le sens de ce récit fictionnel.
Le narrateur Léo habite Cherbourg et est le fils d’un médecin et d’une institutrice. Le récit démarre au 30 janvier 1944 avec la découverte par Léo d’un article de journal évoquant l’ouverture probable d’un nouveau front. On notera l’anachronisme à mettre dans la prose d’un journal, devenu par force collaborateur, l’expression "dans le camp des démocraties" (page 5). Pour la question de la réquisition des bicyclettes au début de l’Occupation, cela me semble également bizarre. Mon grand-père s’était vu réquisitionner la sienne en juillet 1944 quand les soldats allemands quittèrent le chef-lieu de canton où il habitait. Par ailleurs l’oncle Louis (un agriculteur) a gardé une voiture…
À la mi-février Léo et sa mère quittent Cherbourg, risquant de nouveaux bombardements de la part des Alliés, pour Saint-Lô à l’intérieur des terres. Un attentat contre un soldat allemand s’y produit, on s’étonne de l’absence de mention d’otages pris par les occupants. Plus tard, ce même journal mentionne la tournée des défenses militaires effectuées par Rommel dans la région.
Les problèmes des pénuries alimentaires et du marché noir trouvent largement leur place dans ce récit. Des actions de résistants sont également citées et par ailleurs est reproduite la célèbre affiche évoquant la bombardement de Rouen en mettant en scène Jeanne d’Arc.
Pour le dimanche 21 mai est annoncée la fête des mères et il est heureusement évité de dire qu’on la doit à Pétain (comme la légende le propage). En effet sa première célébration officielle date du 30 mai 1926, à l(instigation d’Aristide Briand alors président du Conseil. À la mi-juin, Saint-Lô est bombardé aussi le héros vont-ils dans les caves et ils se cachent là quand les Allemands ordonnent le 9 juillet l’évacuation de cette préfecture de la Manche.
Après l’arrivée de l’armée américaine, Léo part à la campagne dans la famille. En août le héros retourne à Cherbourg, y rencontre le général de Gaulle et y découvre le jazz. Le récit se clôt début novembre 1944, avec l’absence de nouvelles d’un cousin requis pour le STO. Un texte supplémentaire nous montre, de nos jours, la petite-fille avec son grand-père âgé donc de quatre-vingt-quatorze ans.
Proposé déjà sur les réseaux sociaux en 2019, cette histoire gagnait à être éditée. Cet album illustré est distribué gratuitement à tous les collégiens de la Manche, nul doute que sa lecture profiterait à d’autres jeunes du même âge du reste de la métropole.
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