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Citoyens du monde: Le Brésil face à l’holocauste et aux réfugiés juifs

Citoyens du monde: Le Brésil face à l’holocauste et aux réfugiés juifs
L’Harmattan 546 pages
1 critique de lecteur

Avis de Alexandre : "Le perroquet mange le maïs, et c'est la perruche qui en est accusée (proverbe brésilien)"

L’ouvrage vise à montrer qu’une politique de refus de visas pour les juifs voulant émigrer au Brésil fut la règle entre 1933 et 1945 mais que celle-ci ne fut jamais officielle, ce qui laissa une petite marge de manœuvre  à certains acteurs et quelques milliers d’israélites purent rentrer dans le pays du fait qu’ils ne furent pas étiquetés comme tels. Toutefois cela n’était pas sans risques pour les fonctionnaires en question et Luiz Martins de Souza Dantes ambassadeur à Paris fut sanctionné pour cela.

Getúlio Vargas était le président du pays de 1937 à 1945. En fait de larges secteurs de la société brésilienne baignaient dans l’antisémitisme, armée et église catholique comprises. Rien n’évolua en cette matière même après que le Brésil ait déclaré la guerre à l’Allemagne fin août 1942 du fait qu'un sous-marin allemand ait coulé cinq bateaux brésiliens vers la mi-août  de la même année, ce qui s’ajoutait à  treize autres. Berlin pratiquait ces attaques depuis que le Brésil début 1942 avait autorisé les USA à installer des bases dans certains de ses ports. Ultérieurement plus de 25 000 soldats brésiliens participèrent au combat contre les forces de l’Axe.  

Avant d’accueillir des juifs germaniques, le pays avait vu des demandes de juifs russes qui fuyaient les conséquences de la Révolution d’octobre 1917. Les israélites sont à la fois mal vus parce que leur collent les images de révolutionnaires et parce qu’on pense qu’il n’ont pas leur place dans la brésilianité du pays. On vit même en 1936 le gouvernement brésilien expulser deux juives communistes (Olga Benários épouse d’un Brésilien et Elise Saborovsky) vers l’Allemagne où elles étaient promis dans l’enfermement dans un camp. L'idée était de considérer les juifs comme un ensemble homogène et non de les prendre comme citoyens de tel pays, ceci afin de ne s'autoriser qu'à accueillir un nombre très limité d'entre eux. Toutefois, officiellement en tant que catholique ou avec un visa touristique, le Brésil absorba plus de 23 000 juifs, ce qui est nettement moins que l’Argentine voisine (et moins vaste) qui en reçut près de 40 000.     

La première synagogue brésilenne établie à Recife (l'image n'est pas dans le livre)

Cet ouvrage ne se contente pas d’évoquer la situation au Brésil mais aborde en toile de fond les débats à la SDN  à propos des réfugiés en général puis des juifs obligés de quitter l’Allemagne. Par ailleurs l’auteure parle des lieux où des juifs purent trouver refuge, ainsi que des tentatives pour accueillir uniquement des enfants ou du statut particulier de Shanghai permettant de rentrer sans visa. Ttoutefois pour sortir de cette métropole il fallait avoir un visa ( voir en prolongement Les juifs de Chine: Histoire d'une communauté). Page 355, il faut évidemment lire que la colonie juive se trouvait aux limites de la Guyane anglaise et du Brésil et non aux limites de la Guinée anglaise et du Brésil. De nombreuses pages développent comment Israël vit le jour dans les instances de l’ONU. Le contenu de cet ouvrage a donc un intérêt plus large qu’on ne le soupçonnerait a priori. On apprécie la copieuse illustration proposée, une fois encore pas toujours en rapport avec l’Amérique latine.

Pour connaisseurs Beaucoup d'illustrations

Alexandre

Note globale :

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