Des enfants juifs en Vendée 1942-1944

Rappelons que Napoléon avait traité les Vendéens de peuple de géants et que David abattit Goliath.  Cet ouvrage était sorti en 2004 sous le titre de Des enfants juifs en Vendée 1942-1944, Chavagnes 1942-1944. Dans son édition de 2016, ce livre a gagné une cinquantaine de pages car un septième chapitre a été ajouté, il est intitulé "Ailleurs en Vendée" et évoque d’autres communes de ce département où des enfants juifs ont été cachés. Ce sont une trentaine de villes ou villages de ce département qui comptèrent des enfants juifs à un moment ou à un autre. On ne relève qu’un seul cas de dénonciation, c’est à Vouvant (au sud-est du département), ceci donnant lieu à une intervention des gendarmes en février 1944.   

Par contre, on attend toujours le nom du petit juif (car il n’y en aura pas deux à coup sûr) du village de Vendrennes  ayant pour maire Jean Yole de 1933 à 1945. En effet pour excuser le pétainisme militant de cet écrivain régionaliste et sénateur, il est coutume de lui bâtir une légende d’avoir protégé des israélites dans son village. Chose qu’à l’époque, il ne se risqua pas d’avancer, se contentant d’évoquer une vague démarche pour des Kahn qui habitaient Paris (page 287 de Vichy, collaboration, épuration en Vendée de Yves Hello).  

Derrière l’accueil de trentaine d’enfants  juifs à Chavagnes-en-Paillers, non loin du Puy-du-Fou, il y a Hélène de Suzannet, née Durant de Mareuil le 20 octobre 1901, qui était veuve d’un député conservateur Jean de Suzannet élu en 1936 et décédé en 1938. Au fait si Jean Rousseau ne trouve rien d'autre à citer comme preuve que Jean de Suzannnet comme quoi il n'est pas réactionnaire que son approbation du droite de vote pour les femmes (page 73), c'est qu'il devait être un sacré réactionnaire. Tout le monde devrait savoir que ce sont les radicaux, au centre droit et au centre gauche en 1936, et uniquement eux qui s'oposent au vote des femmes. Les modérés et royalites sont unanimement pour.

L’arrière-grand-père de celui-ci Pierre Constant de Suzannet avait participé aux Guerres de Vendée tant sous la République que lors des Cent-Jours. C’est durant cette dernière époque qu’il décède les armes à la main trois jours après la bataille de Waterloo.  

Ce village a environ 3 000 habitants au début des années 1940. Le maire est de 1929 à 1942 Tancrède Gilbert de Guerry de Beauregard,et lui succède son fils Gilbert de Guerry de Beauregard. Ces deux élus, le docteur Foucaud et le curé Crouzat furent aussi les âmes de cet accueil. Durant l’Occupation, qui ici dure de juin 1940 au milieu d’août 1944 (le reste de la Vendée est libérée tout au long de septembre car remontent des colonnes allemandes de Charente-Maritime), c’est tout un village qui est solidaire de cette présence d’enfants juifs.

L’auteur a fait un très gros travail d’entretiens oraux, ce qui nous vaut un récit rempli d’anecdotes et une belle approche de divers personnages. Il agrémente le texte de dessins souvent humoristiques (de son crayon) reprenant le plus souvent un fait qui lui a été rapporté comme le boulanger africain ayant épousé la sœur du curé. Les photographies d’époque présentes sont très appréciées.   

En juillet 2004 la chaîne de télévision M6 a utilisé les locaux du collège international privé hors contrat pour y planter le décor de son émission de télé-réalité Le pensionnat de Chavagnes. Les bâtiments sont ceux de l’ancien séminaire fermé à cause de la séparation de l'État et de l'Église en 1906. Moins de dix ans après, les bâtiments sont rachetés par un membre de la famille de Suzannet et réouverts en tant que petit séminaire. Durant l’Occupation, environ 160 élèves et 15 professeurs continuent de séjourner dans une partie des locaux, partiellement occupés par les Allemands.

L’auteur Jean Rousseau a été professeur d’histoire puis proviseur et maire de Saint -Gilles-Croix-de-Vie. Si dans l’ouvrage il met en valeur la juste réalité de réseaux d’aide dans le milieu catholique, il évoque aussi les solidarités laïques dans un sud du département qui fut toujours de tradition républicaine. La personnalité d’Olympe Baudry, directrice d’école maternelle retraitée ayant enseigné dans l’est de Paris, joua un rôle important dans ce secteur. Il est à noter qu’elle était de foi catholique. Le baptême est administré à nombre de ces enfants et certains gardèrent cette foi ou du moins utilisèrent leur qualité de baptisé pour se marier à l’église ultérieurement. Il n’apparaît pas de tragique cas où une famille catholique d’accueil refuse de rendre l’enfant à des oncles ou tantes pour sauver l’âme de ces jeunes (contrairement à deux livres que nous mettons en lien).