Avis de Zaynab : "Ah Yaya les projets sont à l'eau"
Le premier volume amenait la rencontre d’une petite fille de la grande bourgeoisie chinoise avec un jeune vagabond des rues de Shanghai ; rappelons d’ailleurs qu’après la répression du Kouo-Min-Tang (Guomintang) dans cette ville les enfants de Mao se retrouvèrent plusieurs années dans la situation de devoir vivre de mendicité, petits travaux et furent victimes d’agissements déplorables d’adultes (non comme enfants de Mao mais en tant qu’enfant des rues).
Dans le deuxième tome de cette bande dessinée les deux petits héros de La Balade de Yaya ont réussi à quitter Shanghai en proie à l’agression japonaise de 1937 mais Zhu (qui les séquestrait) est à leurs trousses car il désire reprendre le sac de diamant du père de Yaya qu’avait retrouvé Tuduo le jeune compagnon de Yaya. Toutefois Zhu ignore que l’héroïne s’est fait dérober son trésor par un pêcheur.
Dans ce quatrième volume les deux jeunes héros se retrouvent près de Ningpo où vient d’arriver Zhu. Yaya arrive seule sur une île où elle subit le travail forcé ; elle doit plonger pour remonter des coquillages précieux. Avec la complicité d’une adulte également soumise à son patron, elle fuit et retrouve Tuduo bien mal en point. La dimension de voyage initiatique pour l’héroïne s’accentue ici alors que Tuduo dans ce volume n’a pas l’occasion de faire preuve de ses qualités habituelles de débrouillardise qui renvoient au personnage du petit vagabond San Mao (Trois Cheveux), le héros extrêmement populaire de la bande dessinée chinoise du milieu du XXe siècle.
Cette série met en scène divers dangers qui pouvaient guetter des enfants que la guerre (pour Yaya) ou la misère ancestrale (pour Tuduo) avaient séparés de leurs parents. Yaya comprenant le langage des animaux reçoit ponctuellement l’aide de certains d’entre eux et en particulier d’un oiseau qu’elle a apprivoisé. Le format à l’italienne avec de trois à six images par page permet au lecteur âgé de sept à huit ans de ne pas être perdu dans l’organisation des vignettes. Les couleurs lumineuses attirent l’œil et le contenu dramatique (mais jamais cauchemardesque) de l’action motivent également la lecture. Un style de dessin qui rappelle celui d'un des maîtres du manga Hayao Miyazaki. Il s’agit là d’une excellente série de BD avec un scénariste français inventif et un dessinateur chinois talentueux qui constitue une première approche de la dimension asiatique de la Seconde Guerre mondiale.
Accessible jeunesse Beaucoup d'illustrations