Avis de VInce1576 : "Ca devenait de plus en plus facile de tuer...Toute la fête libératrice ponctuée de coups de flingue vengeurs, fous, hasardeux. Toutes les tronches fêlées allaient se rattraper des jours d'abstinence"
Cette phrase introductive est tirée des Combattants du petit bonheur d'Alphonse Boudard.
A Paris, entre le 20 août et le 22 septembre 1944, au moment où la Libération aurait dû être une fête, la police repêche trente huit cadavres dans la Seine, tous lestés d'une cordelette de soie et d'un même pavé de grès.
Ce qui aurait pu commencer comme un polar classique, est en réalité un épisode méconnu de la Libération. Les auteurs nous montrent qu'à l'Institut dentaire, on ne soignait pas, on torturait et on exécutait sans aucune forme de procès.
Or ce n'étaient pas des nazis, ni des miliciens, mais des FTP, bien souvent de la dernière heure (à l'image de ceux décrits dans l'ouvrage "La Tondue")
https://www.gregoiredetours.fr/xxe-siecle/seconde-guerre-mondiale/philippe-fretigne-et-gerard-leray-la-tondue-1944-1947/
faisant preuve d'une violence inouÏe.
Mais les auteurs nous dépeignent également le portrait des victimes : des collaborateurs plus ou moins avérés (et même de véritables résistants), des policiers, des députés républicains, des ex camarades du PC, des victimes de contentieux personnels, des grandes gueules...
Les auteurs ont même retracé le portrait et le parcours de certains auteurs, qui ont échappé aux procès, du fait de l'épuration de la justice et de la police. Du fait, aussi de la couverture des organes de résistance et du PC. Eux même, utilisant pour leur défense avoir obéi aux ordres (du colonel Fabien mort), comme les fonctionnaires accusés de collaboration.
Cet épisode fait froid dans le dos et prouve que la Libération n'a pas été aussi idéale, qu'elle nous a été présentée jusqu'à présent.
Voici un ouvrage qui m'apporte un éclairage nouveau, et qui confirme que la Justice doit pouvoir passer sereinement, loin de toute passion. L'actualité nous en apporte la preuve tous les jours.
Ce qui m'a frappé, c'est l'opportunisme des résistants de la 25ème heure, leur absence de scrupules, leur soif de vengeance contre n'importe quelle victime, bien souvent innocente.. Un peu comme d'autres lors de l'Occupation.
Alphonse Boudard (cité à de nombreuses rapides dans l'ouvrage) a écrit cette phrase très éclairante "Nous sommes justes après l'août glorieux 44. Ca se grade, se décore à tout va. Ca pousse à pleine manche, épaulettes, plastrons, képis...lieutenants, capitaines, commandants...Et les colonels, encore plus nombreux. Plus les Fritz s'éloignent, plus çà brille [...] La grande quinzaine du galon, la vraie foire de la médaille" (Bleubite, 1975).
Finalement, j'ai le sentiment que les vrais résistants, lors de cette période sont restés dans l'ombre.
coup de coeur !
Pour tous publics Peu d'illustrations Plan autre