Avis de Alexandre : "LE LIMOUSIN PACIFISTE EN 1914/18 ET RÉSISTANT EN 1939/45"
S’il y a une région qui est porteuse de l’idée de Résistance, c’est bien le Limousin et en particulier par la figure de l’instituteur communiste Georges Guingouin. Sa mémoire a été assez salie par ses anciens camarades communistes pour que l’ancien parlementaire socialiste Jean-Claude Peyronnet, en plus normalien agrégé d’histoire (donc censé a priori ne pas écrire d’âneries en histoire), se soit dispensé de rédiger une longue phrase page 6 aussi méchante qu’ignare.
Heureusement Guy Perlier connaît lui la déontologie propre à l’historien et on peut lui faire confiance sur ce qu’il avance; de plus il n'a pas de comptes à régler avec une quelconque organisation politique. L’ouvrage rappelle que fin juin 1940 l’aviation allemande s’attaqua à des objectifs civils uniquement pour terroriser les populations. Il poursuit sur le bombardement anglo-américain de Limoges à la Libération qui frappe essentiellement la gare de triage. Le lecteur se voit ensuite exposer longuement deux évènements extrêmement tragiques, à savoir les pendus de Tulle et le massacre d’Oradour-sur-Glane, ce dernier étant passé dans la mémoire collective de la nation toute entière.
Dans les pages consacrées à la Milice, on voit que cette organisation est fondée sur vingt-et-un points qui donnent la matrice idéologique du mouvement ; en les lisant pages 39-40 on trouve la confirmation de bien d’idées que l’on se faisait sur celle-ci. Dans un des derniers épisodes de la série Un village français on avait pu entendre les paroles du chant de la Milice qui reprend l’essentiel des vingt-et-une thèses en question. En Limousin les conditions dans lesquelles se firent l’Épuration ont été souvent objets de polémiques durant les Trente Glorieuses, l’auteur remet bien en perspective les choses.
On remonte ensuite pour découvrir la vie dans cette province du "royaume du Maréchal", le Limousin ne connaît l’occupation qu’après novembre 1942. Le voyage du Maréchal de juin 1941 est largement commenté et illustré, en particulier par sa rencontre avec Mgr Rastouil évêque de Limoges et André Faure le nouveau maire de Limoges. Cinquante-six habitants du département sont internés pour une semaine du fait de cette visite, leur nom est fourni. Guy Perlier développe largement ce quil appelle "le viol des valeurs républicaines" par les autorités vichyssoises.
Les enseignants suspects politiquement sont révoqués ou déplacés tel Roger Cerclier qui deviendra député socialiste de la Creuse à la Libération et quelques exemples de l’utilisation de l’école par la propagande maréchaliste sont fournis. Suivent des pages sur les restrictions et le pillage des ressources de la France par les Allemands. Robert Colmar le maire de Boulogne-Billancourt décide de faire évacuer au début du printemps 1943 tous les enfants de sa commune et on a de nombreuses photos sur leur départ et leur arrivée en Creuse.
Les questions du STO, de la participation sont vus à travers des cas locaux ; on sait que la Creuse accueillit de nombreux israélites et pas mal d’enfants dans des centres particuliers (un film, sorti début 2016, Le Voyage de Fanny bourré d’anachronismes a d’ailleurs été tiré des souvenirs de l’une des jeunes pensionnaires). D’autres points sont encore développés, les combats de la Libération en particulier. L’ouvrage a le mérite de refléter ce que fut la vie dans la zone sud et l’importance des actions militaires que subirent ou menèrent les résistants. L’illustration est variée et occupe près de la moitié de l’ouvrage.
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