Avis de VInce1576 : ""J'espère que vous ne pensez pas que j'ai exagéré, au moins ?""
Voici la dernière phrase du petit ouvrage (96 pages) de Ginette KOLINKA et Marion RUGGIERI.
Cette phrase résume l'état d'esprit que bon nombre de survivants de la Shoah eurent quand ils se décidèrent à témoigner. Chose qui ne fut pas évidente (comme l'avait déjà souligné Simone Veil dans son autobiographie) tant pour les survivants que pour "le grand public" qui n'était pas prêt à entendre toutes ces choses.
Ginette KOLINKA raconte sa déportation à 19 ans en 1944 avec son père, son frère et son neveu. Elle sera la seule à revenir. Comme tous les déportés, elle revient sur les coups, le froid, la faim, le choc de la nudité et parfois la solidarité, la "débrouillardise". Elle raconte son amitié avec celles qui deviendront Simone Veil et Marceline Loridan.
Elle raconte également son arrestation et puis le retour du camp. L'impossibilité de témoigner. D'abord son refus d'expliquer aux jeunes générations (car elle ne sentait pas assez "instruite"), et puis sa volonté de transmettre en retournant sur place.
Elle raconte aussi qu'aujourd'hui les sites de mémoire ne peuvent tout retracer : l'odeur, les déportés errants, les cheveux conservés qui vont finir par tomber en poussière et elle s'interroge sur les habitations proches des camps, où des enfants jouent là où tant d'autres ont été assassinés.
Ce livre fait partie des témoignages de déportés au même titre que ceux de Simone Veil ou Primo Levi (pour ceux que j'ai lus). Il est essentiel de les lire pour ne pas oublier. Et pour découvrir une femme attachante, pleine de vie et d'humilité.
coup de coeur !Pour tous publics Aucune illustration Plan autre