Avis de Alexandre : "Hitler pour tous, tous pourris !"
Voilà un ouvrage qui permet de replacer la gouvernance de l’État allemand, pour la période 1933-1945, sous un angle éclairant. Les nazis, qui étaient arrivés au pouvoir en dénonçant l’affairisme et la corruption, portèrent cette dernière à un niveau jamais atteint outre-Rhin. Or, ajouterons-nous personnellement, en régime autoritaire on risque sa vie à dénoncer la corruption de membres du parti; on connaît l'exemple de père Bernhard Stempfle, qui arrêté lors de la Nuit des longs couteaux, est mort à Dachau en 1934 vraisemblablement parce qu’il a été victime de Christian Weber fonctionnaire nazi dont il dénonçait la corruption. Le père Bernhard Stempfle était pourtant un de ceux qui avait relu Mein Kampf avant sa publication et avait entretenu des liens étroits avec Hitler.
L’auteur souligne que la position d’un cadre administratif n’étant plus légitimée par une élection, il consolide sa position en entretenant sa clientèle politique. Ensuite étaient détournés les sommes tournant autour du parti et de ses formations satellites. Enfin la persécution des ennemis du régime, et en particulier des juifs, autorisait à s’enrichir soit en promettant une relative protection soit en profitant de certains biens confisqués. Franck Bajor s’intéresse également aux opérations de lutte contre la corruption qu’engage le pouvoir mais aussi à l’attitude de l’ensemble de la population qui à la fois est scandalisé par le niveau de corruption qu’elle entrevoit et à la fois tire partie du butin pris aux israélites.
On assista à un recrutement massif d’emploi dans la fonction publique ou assimilée et les entreprises appartenant à l’État qui profita, non à des chômeurs du parti, mais à des adhérents qui avaient déjà un travail et le quittèrent. Le diplôme n’était plus indispensable.
Des victimes de rivalités politiques ou des artistes (qu’il s’agit de séduire) se voient attribuer des propriétés ou des avantages financiers. L’auteur évoque tout un système de fondations alimentées par le ministère des finances ou par les revenus de biens acquis sous la pression. Le pillage des territoires occupés et le détournement de nourriture pour les prisonniers des camps firent que la machine de guerre fut privée de revenus et d’une large part de la production qu’on pouvait attendre de gens trop faibles pour fournir un travail conséquent. En permettant à nombre d’Allemands de profiter au moins de miettes de la spoliation de biens confisqués, le régime fit de ceux-ci des complices de sa politique d’oppression et d’extermination.
Pour connaisseurs Aucune illustration
http://www.memorialdelashoah.org/evenements-expositions/rencontres/revolution-culturelle-nazie.html
http://www.lequotidien.lu/a-la-une/expo-la-propagande-nazie-decortiquee/