Avis de Benjamin : "Lou Grand" et pas "Grand loup"
L’auteur entend soumettre la légende dorée et la légende noire, autour du personnage, à l’analyse historique. Pour cela il a travaillé tant sur les archives du PCF que de celles du Service historique de la Défense (dans lesquelles on trouve celles de gendarmerie), les archives nationales, les archives départementales de la Haute-Vienne et de la Corrèze, de divers musées de la Résistance en Limousin, de la ville de Limoges. La seule chose qui manque est la consultation du dossier d’instituteur qui devrait se trouver dans l’Aube puisque c’est dans ce département, où son épouse avait de la famille, qu’il termina sa carrière d’instituteur. Toutefois il est possible qu’il n’ait pas été versé, les secrétaires des inspections académiques étant réputées plus pour leur goût de l’information évoquant les vedettes que pour leurs connaissances historiques.
Bref l’ouvrage pose un certain nombre de questions qui concernent à la fois Georges Guingouin et les prises de position du PCF entre 1935 et 1965. Celles-ci ont trait par exemple à l’attitude du mouvement entre l’été 1939 et le printemps 1941. Pour cette période, il n’a aucune divergence avec son mouvement. Il a affirmé ne pas avoir diffusé en septembre 1940 le no 9 du bulletin La Vie du parti qui déclare : « Nous devons être sans haine vis-à-vis des soldats allemands. Nous sommes contre de Gaulle et le clan capitaliste dont les intérêts sont liés à Vichy ». Or il signe personnellement un tract le même mois qui invite « à maintenir le pays absolument en dehors de la guerre impérialiste et prendre des mesures rigoureuses contre ceux qui l’entraîneraient dans l’un ou l’autre camp » (page 70).
Photo absente du livre
Le chapitre intitulée "La revanche de Vichy" montre combien fut vigoureuse en 1953 et 1954 l’attaque contre Guingouin dans une bonne partie de la presse (dont d’ailleurs France-Soir dirigé par Pierre Lazareff) et que comme le déclara Claude Bourdet à l’époque il s’agit d’une vaste campagne visant à salir la Résistance en laissant croire que celle-ci a massacré un nombre considérable de civils français et que Guingouin dirigea d’ailleurs de sanglants règlements de compte contre les partisans de l’Armée secrète. Roland Dumas et Badinter furent deux des trois avocats de Guigouin dans les affaires de diffamation; le troisième Henry Torrès était de la génération précédente.
Localement portent l’estocade le député SFIO Le Bail et le journal Le Populaire du centre dont il est le directeur politique et qui a pour fondateur Léon Betoulle (sanctionné à la Libération pour son vote des pleins pouvoirs en faveur de Pétain). Toutes les bavures possibles et imaginables (y compris des vols dans les fermes) sur l’ensemble de la région du Limousin passent alors pour relever de l’initiative de Guingouin, alors que c’est seulement sur la Haute-Vienne qu’il avait une réelle autorité et que l’on ne peut que lui imputer au plus une quinzaine d’exécutions. Vers le milieu des années cinquante, il dénonce vigoureusement les actions de Staline et penche pour le modèle yougoslave. Ceci ne peut faciliter ses relations avec la direction du PCF.
Pour avoir tenu tête à une colonne de la Division SS Das Reich qui entendait s’opposer au débarquement, et donc l’avoir retardée, il est titulaire d’un acte de reconnaissance de la nation américaine… Guingouin en cet été 1940 a déjà pris le maquis selon la BD 1940, Et si la France avait continué la guerre, 2 Le sursaut (page 41). C'est évidemment bien trop tôt.
Pour connaisseurs Quelques illustrations
http://www.lepopulaire.fr/tulle/histoire/correze/2017/06/09/pendus-de-tulle-le-9-juin-1944-jean-viacroze-miracule-de-l-enfer-temoigne_1188704.html
http://france3-regions.francetvinfo.fr/nouvelle-aquitaine/haute-vienne/limoges/village-francais-costumes-entrent-au-musee-1351185.html
http://www.lepopulaire.fr/limoges/loisirs/television-medias/2017/10/19/les-costumes-de-la-serie-un-village-francais-presentes-au-musee-de-la-resistance-de-limoges_12597488.html
https://www.francebleu.fr/infos/culture-loisirs/un-village-francais-des-costumes-de-la-tele-au-musee-1508608005