Avis de Octave : "L’Exode du Massif ardennais au Massif armoricain"
En 1914 l’idée de voir des flots de réfugiés se déverser depuis les frontières vers l’intérieur du pays n’avait pas été imaginée par les autorités françaises avant 1914. L’on sait que dix départements furent partiellement ou totalement envahis durant la Première Guerre mondiale. L’ensemble de la population des Ardennes avait connu soit l’occupation de leur commune (avec parfois une déportation en Allemagne), soit un rapatriement (pour environ 70 000 femmes et enfants d’après Nicolas Charles) soit un exode vers l’ouest de l’hexagone. Malheureusement on n’a pas le chiffre d’Ardennais présents en région non occupée pour la Première Guerre mondiale, l’auteur avance que la Vendée a accueilli environ 90 Ardennais pour un ensemble, pour ce département, de 5 000 Français et à côté de 3 000 Belges durant cette période. Contrairement à ce qui est écrit, le journal financé par les Allemands, dans les territoires occupés, à savoir La Gazette des Ardennes paraît du 1er novembre 1914 au 8 novembre 1918.
Dès 1935, il est prévu que des populations d’une vingtaine des départements proches des frontières belges, luxembourgeoises, allemandes, suisses et italiennes seront accueillies dans une quarantaine de départements. Ainsi les Mosellans doivent-ils se rendre dans la Vienne et en Charente alors que les Belfortains iront en Corrèze. Une instruction de janvier 1938 précise certains aspects du plan. Edmond Pascal, alors préfet des Ardennes (il sera limogé par Vichy en janvier 1941), joue un rôle capital dans le dialogue avec les administrations des deux départements d’accueil. Si les normaliens sont envoyés à Parthenay, les normaliennes sont à Luçon dès la rentrée de la mi-septembre 1939.
En mars 1940, 82 000 personnes provenant de 107 communes des Ardennes sont en Vendée, un département qui comptait 390 000 habitants au recensement de 1936, un nombre légèrement inférieur d’Ardennais trouve refuge dans les Deux-Sèvres qui était peuplé de 309 000 personnes en 1936. Aux populations évacuées par l’administration, vont s’ajouter les Ardennais qui fuient devant l’avance des armées allemandes au printemps 1940. Les services préfectoraux des Ardennes réouvrent dans un hôtel de Sainte-Hermine au 105 rue Georges Clemenceau à la fin mai 1940.
Christophe Dubois reconstitue les conditions de vie, y compris en s’intéressant aux loisirs, des Ardennais présents en Vendée. Un nombre non négligeable d’Ardennais reste en Vendée au-delà de 1945, entre autre ceux qui ont convolé avec une personne du cru. Certains qui ont fait l’Exode en 1914 et ont été réfugié en 1940 préfèrent aussi rester dans ce département poitevin.
Il évoque également les prolongements de ce séjour qui passent en particulier par des jumelages, ceratins sont d’ailleurs très récents comme celui en 2019 entre Vireux-Molhain et Mortagne-sur-Sèvre. Notons par ailleurs que le parc du Puy-du-Fou ne manque pas d’évoquer, avec l’appui d’un cheval ardennais cet exode (voir https://blog.puydufou.com/2018/07/07/calin-de-la-rochelle-lhistoire-dun-cheval-pas-comme-les-autres/). L’Amicale des Ardennais de Vendée est une association qui propose une exposition à toutes les communes qui désirent la recevoir. Notons que l’ouvrage est largement illustré de documents d’époque ou de photographies de retrouvailles.
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