Avis de Adam Craponne : "Secret de famille, sacrée famille, sainte famille"
Cet ouvrage est en fait un récit en phase directe avec l’affaire Finaly qui secoua la France et Israël dans les années 1945-1953. L'essentiel des faits démarrent dans le département de l’Isère à Grenoble pendant la seconde partie de l’Occupation lorsque Grenoble après septembre 1943 voit les armées italiennes être remplacées par les armées allemandes comme forces d’occupation.
Les familles juives, en particulier d’origine étrangère, sont alors menacées de déportation et vont confier leurs enfants à des familles ou femmes françaises. Dans la capitale dauphinoise la directrice de la crèche municipale mademoiselle Antoinette Brun va se voir confier à diverses moments des années 1943 et 1944 des très jeunes enfants juifs. Les deux enfants Finaly ayant été baptisés elle refusera de les rendre à leur tante qui vit en Nouvelle-Zélande ; elle les fait cacher en France dans des institutions religieuses puis passer au Pays basque espagnol. Au mois de juin 1953, deux religieux basques espagnols remettent les enfants Finaly aux autorités consulaires françaises, après qu’une négociation se soit engagée entre le grand-rabbin de France et l’archevêque de Lyon. Les deux enfants rejoignent Israël. Ce sujet a été traité dans une douzaine de livres et de périodiques français.
Cette affaire Finaly est contée dans cet ouvrage "HK récit" depuis ses origines à savoir 1938 année où les parents Finaly se réfugient à La Tronche, une petite vile d’environ 5 000 habitants à côté de Grenoble. Toutefois elle n’est qu’un arrière-fond pour présenter l’histoire d’un autre enfant Guy Kalmus (devenu Guy Brun) et de ses parents. Sa mère est autrichienne et elle est dans les Vosges à Épinal à l’été 1940, fuyant l’avancée des armées allemandes elle se retrouve à Grenoble et à l’âge de vingt ans elle va accoucher à La Tronche de Guy. Si elle a aimé le père de son enfant, celui-ci s’est largement désintéressé d’elle et il a entamé une carrière dans la gestapo allemande sévissant en France. En effet replié en zone sud, il s’est vu offrir en tant qu’Alsacien une réintégration dans la nationalité allemande. On suivra donc son destin, celui d’Hélène Kalmus et de son fils Guy Kalmus (adopté à l’âge de dix ans par Antoinette Brun).
C’est autour de l’année 1980 que le fils retrouve sa mère, partie vivre aux USA, mais celle-ci n’entend rien livrer du passé de père de Guy car elle le sait peu reluisant. Ce fils, aidé par Chochana Boukhobza, va une vingtaine d'années plus tard découvrir qui était son père et les enfants de ses demi-frères et sœurs. Une fois encore la réalité dépasse la fiction dans de nombreux épisodes du récit. D’une manière générale, le livre permet de revisiter les conditions de vie des juifs étrangers en France et des modalités de l’aide que certains milieux catholiques leur apportèrent durant l’Occupation et l’action de la Gestapo en particulier à Châteauroux et Limoges. Presque toute la famille de Guy est présentée par des photos, y compris ses grands-parents maternels et son père René Ohl par la reproduction de sa carte d’ouvrier à l’usine de l’Alsthom de Belfort où il travaille de 1930 à 1940 comme électricien (il est mobilisé sur son poste de travail).
Pour connaisseurs Quelques illustrations
https://fr.wikipedia.org/wiki/Affaire_Montel
https://fr.wikipedia.org/wiki/Affaire_Mortara
http://www.debriefing.org/14834.html
http://pleinfeusurbelfort.blogs.nouvelobs.com/archive/2016/08/03/copains-d-avant-milice-de-limoges-voyage-a-belfort-588583.html
à Orléans – Cercil – Musée-Mémorial des enfants du Vel d’Hiv
Rencontre avec Charles Waserscztajn et Antoine Rivière
Archives nationales Pierrefitte, vendredi 3 février 2017