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À l’intérieur du camp Drancy

À l’intérieur du camp Drancy
Perrin 382 pages
1 critique de lecteur

Avis de Alexandre : "La place de l'Étoile, c'est où? Sur ma poitrine."

Voilà une magistrale synthèse de l’histoire du camp de Drancy. On voit que ce lieu, entré dans la mémoire collective, ne fut pas seulement un camp de transit. Les auteurs tentent de décrire l’évolution de la vie des internés en cinq moments : celui de la fin des années trente où il fut logement pour les familles de gardes mobiles, celui d’août 1941 à juin 1942 où il devient camp de représailles, celui de juillet 1942 à juillet 1943 où il est camp de transit, celui de juillet 1943 à août 1944 où il est camp de concentration, celui de fin 1944 et 1945 où il accueille des collaborateurs (dont Sacha Guitry). Ce sont près de 100 000 victimes qui sont passées par le camp de Drancy, on estime que 9 juifs déportés sur 10 sont passés par Drancy ; ceux-ci étaient de diverses nationalités et de milieux sociaux fort différents (le futur Marcel Dassault y séjourna par exemple).

Les premiers raflés à arriver à Drancy ont été pris le 20 août 1941 à l’aube dans le XIe arrondissement. Déjà en mai 1941 avaient eu lieu des arrestations de juifs étrangers qui ensuite avaient été conduits à Pithiviers et Beaune-la-Rolande dans le Loiret. Plus de trois cent gendarmes français assurent la garde du camp. Le 2 juillet 1943 la direction intérieure du camp passe aux mains des SS mais dès le départ les ordres de libération relevaient de l’administration allemande sur place. Il est à noter que Xavier Vallat, commissaire aux affaires juives jusqu’en mai 1942, tenta ponctuellement d’améliorer les conditions matérielles des internés et faire délivrer certaines personnalités.

On suit les conditions d’arrivée, les tentatives de sortie et les conditions de départ du camp de quelques personnalités, dont un avocat et sénateur de l’Héraut:

« En mai 1942, Pierre Masse quitte Drancy pour être incarcéré à la Santé. C’est que ses amis du barreau ont imaginé un stratagème susceptible de mettre fin à son internement par des procédures légales : ils ont déposé contre lui une plainte pour "abus de blanc-seing". Mais le procureur général près le tribunal de la Seine Maurice Gabolde (…) refuse de protéger l’avocat et le renvoie à Drancy ». (page 88)

La question de transformer les locaux la cité de La Muette en un vaste lieu de mémoire (donc avec évacuation des habitants des appartements actuels) s’est posée. Le choix a été fait de construire, à l’emplacement d’une barre démolie, un Centre de mémoire et d’histoire. La nouvelle construction, d’une surface de 1 500 m2 sur trois étages)  est due à l’architecte Roger Diener et est inaugurée et septembre 2012 par François Hollande, sa responsabilité est confiée au Mémorial de la Shoah. Les débats autour des principaux projets de transformation des lieux et de l’entretien par les municipalités successives (longtemps tenu par le PCF, la ville se donne en 2001 pour maire un centriste) de la mémoire sont en partie rapportés.  

Pour connaisseurs Peu d'illustrations

Alexandre

Note globale :

Par - 406 avis déposés - lecteur régulier

332 critiques
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