Avis de Octave : "Le développement n’est pas à la hauteur des destins individuels évoqués"
D’après ce que nous dit l’auteur, on est là dans une fiction s’inspirant très fortement de faits réels mais des noms propres ont été modifiés et des modalités de faits légèrement modifiées, il est donc gênant de parler de "témoignage". Alain Damian étant né en 1939, ce récit n’est pas pour autant en partie autobiographique.
Bernardo est le narrateur, il voit son père et son oncle tués, au début de l’insurrection nationaliste en Espagne, alors que le hasard ait voulu qu’ils se soient engagés dans les rangs du POUM animé généralement par des socialistes marxistes et non des trotskystes (comme on l’a souvent colporté, ces derniers étaient à la Section bolchévique-léniniste d’Espagne). Bernardo fait vite la connaissance d’Henrique Fuentes devenu chef d’escouade. Bien vite, il raconte les conflits violents entre les communistes espagnols et leurs ennemis dans le camp républicain : les militants anarchistes et ceux du POUM. C’est l’occasion d’évoquer Andrés et Amalia Gutteriez, deux agents espagnols du NKVD entre les mains desquels ils tombent. Heureusement les deux camardes parviennent à s’échapper et un peu plus tard fuient en France sur un bateau où ils reconnaissent Andrés et Amalia Gutteriez.
Ils s’engagent dans la Légion et se retrouvent à Sidi Bel Abbès et en 1939 ils participent aux combats du début de la guerre dans l’hexagone. Toutefois il s’agit d’un aller bientôt suivi d’un retour temporaire en Algérie après l’armistice de juin 1940 ; ceci pour de nouvelles aventures qui nous conduisent au maquis, au débarquement en Provence et même en Indochine.
C’est l’occasion d’évoquer au passage des personnages historiques atypiques comme le poitevin Ferdonnet présenté comme au micro de Radio Stuttgart à l’époque alors que comme ne le signale pas Alain Damian il n’avait qu’un rôle à la rédaction et sur les trois voix de propagande germanique la plus courante était celle d’André Obrecht (voir https://www.rts.ch/docs/histoire-vivante/a-lire/2459158.html/BINARY/La%20radio%20nazie%20qui%20a%20empoisonn%C3%A9%20la%20France). Parfois le contenu des notes est un peu gênant, surtout quand une d’entre elles est à la fois hargneuse, pompeuse, confuse et n’a rien d’historique, confondant initiatives individuelles avec exécution d’ordres. Ainsi en est-il page 92 avec :
« Contrairement à la désinformation qui anime et agite les bien-pensants actuels, le maréchal Philippe Pétain et le général Maxime Weygand n’étaient pas à la botte des Allemands ».
Face aux demandes allemandes, mettre dans le même sac ces deux personnages, le second servant à attribuer une palme de résistance au premier est plus que discutable ; par contre en matière d’antisémitisme le plus modéré (tout étant relatif) est incontestablement jusqu’en 1942 (après Weygand n’a plus de responsabilité) Philippe Pétain. Le livre hésite, avec sa flopée de notes, entre un "Que sais-je" sur l’histoire de la Seconde Guerre mondiale pondu par un esprit un peu éclairé plus par ses certitudes que par le discours historique et un récit de roman historique. Il y avait dans le contenu de quoi faire un excellent roman historique malheureusement ce n’est pas l’option choisie par un auteur qui n’avait sûrement pas toutes les compétences pour mener une intrigue jusqu’au bout.
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