Avis de Benjamin : "La répression"
Cet ouvrage, par la qualité de l’information donnée, réussit à faire l’unanimité chez les critiques ; il fut encensé tant par Minute que Jeune Afrique et Le Nouvel Observateur. L’auteur propose une riche iconographie avec des cartes, des organigrammes et parfois des documents fournis pr les acteurs du moment (comme en particulier ceux en rapport avec le congrès FLN de la Soummam, organisé dans la clandestinité du 13 août au 20 août 1956 en Kabylie).
On a des clichés d’Ali Khodja, un exemple de soldat algérien, enrôlé dans l’armée française avec le grade de sergent, choisissant de déserter pour rejoindre les troupes du FLN. On voit comment, sous le patronage de Soustelle, par les sections administratives spécialisées, la pacification des régions rebelles est tentée sous l’angle de l’assistance aux villageois. Toutefois un certain nombre de ces SAS se transforment parfois en centre de torture ou de racket des populations dont ils ont le contrôle.
La population européenne commence à avoir peur. Dans les villes au terrorisme employé par les indépendantistes du FLN répond un terrorisme de représailles de la part des anti-indépendantistes. Le 10 août 1956, l'ORAF commet un attentat à la bombe contre le FLN, dans la casbah d’Alger rue de Thèbes. Il est notoire que les actions de l’ORAF sont pilotés par le sénateur Michl Debré, le futur Premier ministre du général de Gaulle qui est en fonction lors des Accords d’Évian.
Robert Lacoste, ministre résident en Algérie, accorde tous les pouvoirs de police à l'armée. Si la Bataille d'Alger est gagnée par les léopards du général Massu, c’est en partie du fait que la torture est utilisée presque systématiquement y compris contre des métropolitains comme le jeune universitaire communiste Maurice Audin. Les tentatives d’apaisement menées par Germaine Tillion sont largement exposées et il semble que dès 1957 le général de Gaulle est une idée de l’impasse dans laquelle le tout répressif engage la France et qu’il prône la négociation (page 540).
Le récit se clôt par la mort d’Ali la pointe le 8 octobre 1957 à l’intérieur de la maison où il se cache, celle-ci étant dynamitée par les soldats français. Yves Courrière annonce que, dans le troisième tome, il traitera, du plan le plus généreux que Paris n’est annoncé pour l’Algérie depuis 1830, ce dernier est à l’initiative de Robert Lacoste.
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