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Padre: Mémoires d'un aumônier militaire

Padre: Mémoires d'un aumônier militaire
Tallandier304 pages
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Avis de Ernest : "C’est déjà trop tard. L’ennemi va frapper trop vite"

Le père Yannick Lallemand est un prêtre français né le 11 mars 1937, aumônier militaire dans la Légion étrangère pendant 23 ans. Il vit aujourd’hui dans le Loudunais, aux confins du Poitou, de la Touraine et de l’Anjou, une petite région dont étaient originaires ses grands-parents paternels. Son père, officier en Algérie, devient un activiste de l’Algérie française et fait de la prison en métropole pour cela.  Il retrace ici son parcours militaire, comme officier puis comme aumônier.

L’aumônier militaire n’a pas de place dans la hiérarchie, il ne donne pas d’ordre et n’en reçoit pas. Il est à l’écoute des soldats et notamment lorsque ceux-ci ont fait leur première expérience du feu. En 2017, on comptait dans les armées françaises quelque 186 aumôniers catholiques, 53 aumôniers protestants, 27 juifs, 45 musulmans et 1 orthodoxe. À ce jour, on compte une trentaine de femmes comme aumônier (on préfère garder cette appellation car "aumônière" renvoie à un objet précis), dont un de confession israélite. L’aumônier aux armées peut être un prêtre, un diacre ou un laïc pour la religion catholique. L’aumônerie militaire remonte officiellement à 1543 avec l’institution de la charge de grand aumônier et une dizaine d’années plus tard deux ordonnances d’Henri II prévoient que chaque régiment soit doté d’un prêtre. Le texte législatif de 1880 réglemente toujours les aumôneries militaires, il n’a pas été abrogé par la loi de Séparation de l’Église et de l’État.

Notre auteur définit ainsi son rôle : « L’aumônier est le "Padre", ce surnom familier et plutôt affectueux que tous les militaires lui donnent, qu’ils soient chrétiens ou pas, croyants ou mécréants. À quoi sert le Padre ? Il est là pour répondre aux besoins spirituels des hommes en armes, chaque soldat ayant une âme à sauver, chacun étant le chef-d’oeuvre de la Création qui a cependant besoin d’être aimé, respecté, servi, qui se doit de grandir. L’aumônier vit avec ses deux grands témoignages de foi du Christ. Celui du centurion : « Seigneur, je ne suis pas digne que tu entres sous mon toit, mais dis seulement une parole… » (dans l’Évangile selon Luc,7/6‑7) ; et aussi celui du soldat romain au pied de la croix, sur le Golgotha : "Vraiment celui-ci est le Fils de Dieu ! " (dans Marc, 15/39). Le Padre est l’homme de la paix intérieure, disponible auprès de tous, à l’écoute de chacun des soldats et de leur famille. Lui aussi connaît parfois la peur, il lui arrive de pleurer et, imprégné de la Parole de Dieu, confie à sa tendresse ceux qui viennent de partir dans l’éternité. Il est celui que l’on aborde facilement car il n’a pas de grade, qui sait rester simple, discret, heureux d’être au milieu de ses soldats. Il participe aux activités mais il ne parle pas comme les autres car il ne commande rien » (pages 71-72). « Avec eux, j’évoquais le commandement des hommes, la peur au combat, le culte de la mission à remplir, le souci constant de ses subordonnés. Je leur parlais autrementque leurs instructeurs, avec une franchise et un réalisme qui complétaient parfaitement ce qu’ils apprenaient dans les amphis ou sur les terrains d’exercice. Avec affection, je ramenais doucement les plus exaltés par leur vocation militaire – ceux qu’on appelle les " mythos " – à la réalité. Beaucoup prenaient davantage conscience de leurs responsabilités humaines et éthiques, des qualités essentielles au commandement, à cultiver précieusement sous l’uniforme » (page 231).

Dans un prologue, les auteurs évoquent la cérémonie annuelle au capitaine Danjou qui se tient à Aubagne depuis l’indépendance de l’Algérie. L’une des dernières phrases du récit oralisé à cette occasion est: « Ils furent ici moins de soixante opposés à toute une armée, sa masse les écrasa. La vie plutôt que le courage abandonna ces soldats français le 30 avril 1863 » (page 13).

Comme son frère tué de l’autre côté de la Méditerranée, Yannick Lallemand sert comme officier en Algérie alors qu’il n’est pas encore prêtre. Il raconte ses actions militaires dans les alentours de Ténès. Sa première affectation se fait en métropole au 7e et au 13e bataillon de chasseurs alpins (BCA), à Chambéry et Bourg-Saint-Maurice au début des années 1970. Il découvre un peu après son arrivée en Savoie, qu’il doit aussi prendre en charge le fort d’Aiton où loge une unité disciplinaire installée là après la fermeture, en 1962, du bagne algérien de Tinfouchy, près de Colomb-Béchar. Le député Michel Rocard notamment apporta son soutien à une campagne de presse visant à la fermeture du site. En 1974, cette compagnie disciplinaire fut supprimée par le ministre de la Défense Michel Debré, aussi le père Allemand fut le dernier aumônier du fort d’Aiton.

Il devient l’aumônier du 3e RPIMa à Carcassonne, ancienne unité du général Bigeard. Après les sorties en ski, ce sont les exercices en parachute. En 1977, des rebelles avaient tenté de s’emparer de la région de Kolwezi au Zaïre, l’ancien Congo belge. Notre aumônier fait partie de l’expédition franco-belge destinée à libérer des otages européens. Parmi ses autres affectations , il y a le Liban et nous laisserons au lecteur le soin de découvrir la situation dramatique qu’il vit là. 

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Ernest

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