Avis de Ernest : "Et le 30 mai 68, la majorité silencieuse ouvre sa gueule"
L’auteur commet une erreur page 48, en effet la veille de motion de censure du 22 mai 1968 René Capitant, ancien ministre de l'Éducation Nationale et gaulliste de gauche, a démissionné de son mandat de député. Ceci parce qu’il ne voulait pas voter avec l’opposition mais refusait sa confiance à un gouvernement « dont les fautes ont mis en danger le régime et le général de Gaulle lui-même ».
Par ailleurs, Xavier Louy s’autorise à trouver "opportuniste" l’attitude d’Edgard Pisani qui vote la motion de censure. Un regard sur ce que ce dernier avait dit, l’aurait dispensé d’écrire une telle chose, non dépourvue d’ailleurs (en sous-main) d’un jugement de valeur sur la personnalité de cet ancien ministre de l’Agriculture des débuts de la Ve République. Citons donc les paroles d’Edgard Pisani de ce jour-là à l’Assemblée nationale : « Je voterai la censure et après ce vote, je démissionnerai de mon mandat de député. (…) Je me représenterai, et je sais que vous m'opposerez un candidat, et que vous ferez tout pour que je sois battu. Et pourtant, j'ai le sentiment d'être plus fidèle que vous, ce faisant, à l'homme que j'ai soutenu depuis la Résistance ».
L’auteur est étudiant à Sciences Politiques en mai 68, il milite à l’UNEF qui est encore une organisation unitaire mais qui vient de porter des dirigeants de gauche à sa tête. Il rencontre le 15 mai Pierre Debizet le patron du SAC. Il fréquente donc les rangs gaullistes mais se tient au courant des agissements des militants d’Occident (l’extrême-droite) et des révolutionnaires. Il nous explique bien l’enchaînement qui amène le 3 mai 68 les CRS à entrer à la Sorbonne et à faire des interpellations.
On peut féliciter Xavier Louy de tordre le cou au mythe d’un Jacques Chirac allant négocier discrètement avec Krasucki (second de la CGT) dans une chambre de bonne, avec un pistolet (page 43). Cela ne nous a personnellement rien appris mais est bon à écrire pour certains lecteurs.
Le 30 mai 1968, le général de Gaulle décide la dissolution de l'Assemblée nationale et une manifestation de soutien à ce dernier se déroule sur les Champs-Élysées. Le discours explicatif qu’il tient ce jour-là est reproduit pages 60 à 61. La couverture représente des gens qui manifestent ce jour-là ; en vérité la jeune fille au drapeau est debout sur le porte-bagage d’un vélo que conduit le garçon devant elle.
Avec son drapeau tricolore, elle imite Caroline de Bendern qui à la manifestation révolutionnaire tenait un drapeau vietnamien. En effet tant à l’extrême-droite qu’à l’extrême-gauche la Guerre du Vietnam mobilise les énergies dans le milieu des années 1960.Ces deux cliché renvoient plus ou moins au tableau La liberté guidant le peuple de Delacroix qui célèbre la Révolution de 1830.
En fin d’ouvrage Xavier Louy illustre les idées de ce que fut le gaullisme historique. Il résume ce courant de pensée à "Paix, progrès et indépendance", on n’est pas loin du slogan du Front populaire "Pain, paix et liberté", mais il n’y a peut-être quand même derrière deux contenus assez différents.
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