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Ma sœur Touria, première aviatrice du monde arabe

Ma sœur Touria, première aviatrice du monde arabe
L’Harmattan129 pages
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Avis de Ernest : "Mourir à vingt ans l’année de l’indépendance de son pays"

Touria Chaoui reçut à seize ans son brevet de pilote sur l’aérodrome de Tit Mellil (près de Casablanca) ce qui en fit la première aviatrice du monde arabe et sûrement aussi la plus jeune femme au monde à se voir reconnaître le titre de pilote. Assassinée par arme à feu en 1956, elle se voit ici consacrer une biographie par son frère cadet.

L’auteur écarte comme assassins les ultras de la colonisation mais ne donne aucune hypothèse sur les identités des meurtriers. D’après certaines sources il s’agirait d’un assassinat commandité (et peut-être exécuté) par Ahmed Touil un nationaliste marocain au comportement proche du banditisme (voir https://www.yabiladi.com/forum/motif-assassinat-premiere-pilote-femme-1-4034107.html).  

Le premier chapitre nous évoque l’enfance de Touria, son père Abdelwahed Chaoui  est journaliste dans la presse marocaine de langue française et publicitaire menant en parallèle des activités en lien avec le théâtre. Elle vit ses premières années à Fès et on perçoit (même si l’on doit faire soi-même le lien avec le débarquement allié de novembre 1942 en Afrique du nord) que le pouvoir colonial vacille au milieu de la Seconde Guerre mondiale.

« Le mot indépendance ne devint tolérable qu’après un discours du mois d’avril 1943, du sultan Mohammed ben Youssouf. Ce discours fut à l’origine de l’établissement du manifeste de l’indépendance, signé par d’éminents savants, théologiens, notables ». (page 17)

Du fait des activités du père, la famille déménage à Casablanca. Si Fès est une cité religieuse, et Rabat un centre politique, Casablanca est alors la capitale économique du Maroc. La fin du premier chapitre et le début du second chapitre montrent les difficultés rencontrées par notre personnage à s’inscrire à la seule école de formation des pilotes avec le double handicap d’âtre une femme et une indigène marocaine. Son examen réussi, elle reçut une lettre de Jacqueline Auriol pilote d’essai belle-fille (et non nièce comme il est écrit ici) du président de la République française de l’époque à savoir le socialiste Vincent Auriol (voir à son propos Les oubliés de l’histoire de Jean-Yves Le Naour).

Le troisième chapitre relate les évènements qui conduisent Touria Chaoui, devenue une icône du pays, à s’engager dans le mouvement indépendantiste qui prend de l’ampleur après la déposition du sultan Ben Youssef en septembre 1953. Ceci est l’occasion de rappeler que quelques jours après, en signe de protestation, François Mitterrand démissionne de son poste de ministre délégué au conseil de l’Europe dans le gouvernement Joseph Laniel. Lors du retour du sultan légitime (qui prend le titre de roi) Touria Chaoui, avec l’accord de ce dernier, survole Rabat pour répandre depuis le ciel des milliers de tracts de bienvenue. Cet ouvrage a l’immense intérêt de rappeler que l’émancipation de la femme était en de bonnes voies au moment des indépendances des pays du Maghreb, nul doute que le renouveau religieux pour un islam s’attachant à une lecture littérale du Coran a très largement fait reculer cette perspective même si la revendication d’identité est respectable.

idé cadeau

Pour tous publics Quelques illustrations

Ernest

Note globale :

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