Avis de Ernest : "En mai, fais ce qu’il te plaît"
En fait seul Pierre Nora répond à la question de la commémoration. Les autres textes sont l’opinion qu’ont pu avoir certains intellectuels sur les évènements. Au lecteur de se faire une opinion, après avoir lu ces textes, si Mai 68 mérite d’être commémoré. On sait d’ailleurs qu’Emmanuel Macron s’y est refusé.
Pierre Nora explique bien que Mai 68 s’auto- commémorait déjà au moment où il vivait son existence. Annie Le Brun évoquait d’ailleurs l’évènement dès le 18 juin 1968 dans la revue Archibras, elle y opposait les vieillards de 70 à 18 ans qui avaient défilé fin mai sur les Champs-Élysées (en soutien à de Gaulle et Pompidou) à ceux qui étaient dans les rues tout le mois de mai et qui croyaient que tout était possible.
Un texte de Jean-Paul Sartre de 1976, soit quatre ans avant sa mort, évoque lui aussi le champ des possibles qui était porté par Mai 68 et fait l’histoire du journal La Cause du peuple qui tenta de continuer à porter les idées du mouvement.
La psychanalyste Antoinette Fouque avait trente-deux ans en mai 68, elle s’exprime dans la revue Le Débat en 2004 et réfléchit en particulier sur les avancées que le mouvement féministe a pu obtenir en s’appuyant sur certaines évolutions que l’esprit de Mai 68 permettait.
Jean-Paul Aron, chantre du libéralisme politique éclairé, a un regard critique sur l’évènement et sur ces conséquences, le ton est à la désillusion à croire qu’il aurait finalement souhaité que certaines idées plus ou moins utopiques de Mai 68 trouvent leur chemin vers des réalités qui remettent en cause certains aspects du libéralisme économique.
S’expriment également l’écrivain Philippe Sollers avec un texte intitulé "Une histoire d’amour et l’évènement différentiel" et paru en 1994 comme contribution dans un ouvrage Mai 68 édité par Gallimard. Le philosophe Gilles Lipovetsky dans un chapitre "Individualisme et révolution" de son ouvrage L’Ère du vide, le titre de ce point parle de lui-même.
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