Avis de Ernest : "Réhabiliter les parachutistes de la Guerre d’Algérie ?"
L’auteur n’évoque ici que la période 1954-1958 pour les parachutistes français servant dans les départements algériens. De l’avertissement, on retiendra : « Le plan est chronologique. L’affaire commence en 1952 par des interventions d’unités parachutistes en Tunisie. (…) Le 13 mai 1958 marque le début d’une nouvelle époque et d’un second volume. (…) Au début de l’année 1958, les parachutistes doutent que la Ive République soit en mesure de conclure la guerre. Il leur faudra quatre ans de plus pour découvrir, à leurs dépens, son dénouement par la Ve République » (pages 10-11).
Du prologue, on relève que ce sont des campagnes d’opinion qui ont fait à la fin des années 1950 des parachutistes « des hommes de violence, capables des pires aventures ». Certains diront plutôt que ce sont leurs chefs qui les ont conduits vers des actions qui ont donné d’eux cette image. On pense en particulier aux actions de police qu’ils conduisirent dans les villes à partir du printemps 1955.
Le ton de Marie-Danielle Demélias, souvent complaisante vis-à-vis des actions engagées par l’armée française, pourra heurter ponctuellement un lectorat averti. C’est fort possible par exemple à la lecture des causes, actions et conséquences qui conduisent l’aviation française à bombarder un village tunisien frontalier de Sakiet Sidi Youssef au début de l’année 1958 (pages 485-487). Il est incontestable que les troupes françaises se sont adaptées au type de conflit auquel elles faisaient face et on arrive à percevoir dans quelles limites elles surent le faire. Il reste à s’interroger si d’autres adaptations auraient été possibles et performantes.
Il est rappelé que nombre de parachutistes, présents au milieu des années cinquante outre-Méditerranée, avaient barouder en Indochine ; ils furent en particulier surpris par la rigueur de l’hiver dans les Aurès. Le rôle de certains dirigeants du FLN est ponctuellement précisé, on relève ainsi diverses mentions de Zighoud Youcef. On apprécie d’ailleurs beaucoup les index des noms de personnes et celui des noms de lieux.
On s’aperçoit que l’armée française n’hésitait pas parfois à la ruse en piégeant par exemple un poste radio début 1956. Ce dernier, récupéré par les hommes Mostepha Benboulaïd, explose face à ces derniers. Le fait de jouer, dans les villages, les kabyles contre les autres musulmans fut exploré et déboucha sur un flagrant échec. Dans des domaines plus anecdotiques, l’auteur nous apprend par exemple que les régiments de chasseur parachutiste défilaient selon un pas particulier notamment par sa vitesse intermédiaire entre celui de la Légion et celui de l’infanterie. De façon plus grave, on voit combien dans un hôpital militaire précis, celui de Souk Ahras, l’équipe des soignants manquait d’informations, de compétences et de moyes quand en avril 1958 arrivent des blessés appartenant au 9e régiment de chasseurs parachutistes.
On apprécie les huit pages d’illustrations avec en particulier deux photographies en couleur. C’est l’ensemble des actions militaires menées en Algérie qui est ici balayée et on apprécie que l’auteure donne parfois plusieurs hypothèses sur les conditions dans lesquelles ces dernières se déroulent. On a beaucoup de sigles et si certains sont explicités, pages 525 et 526, d’autres nécessitant une lecture continue et très attentive pour être compris. Bref difficile de commencer par le chapitre de son choix.
Pour tous publics Quelques illustrations
https://www.lemonde.fr/societe/article/2021/04/13/la-nuit-des-paras-a-metz-un-episode-tragique-de-la-guerre-d-algerie-en-lorraine_6076534_3224.html
https://elwatan-dz.com/rrevisionnisme-historique-a-toul-le-tortionnaire-bigeard-aura-t-il-sa-statue#google_vignette