Avis de Benjamin : "La laïcité est un combat"
Né le 22 octobre 1928 à Biesles (Haute-Marne), mort le 3 février 2018 à Maisons-Alfort (Val-de-Marne), Guy Georges fut instituteur en Haute-Marne puis de 1976 à1983 le secrétaire général du Syndicat National des Instituteurs devenu SNI-PEGC à partir justement de 1976. Ce syndicat a été un des fondateurs du Comité national d’action laïque en 1953. En fait l’auteur nous laisse deviner au cours de son ouvrage que le Comité national d’action laïque eut pour ancêtres le Cartel national d’action laïque et le Comité National de défense laïque (les organisations adhérentes n’étant pas toujours identiques). Notons que l’auteur, théoricien de l’École fondamentale, ici revient ponctuellement mais régulièrement, sur l’ambition de construire un contenu au collège qui déboucherait sur un ensignement moins ségrégatif et pls global (facilitant les liens entre divers disciplines).
L’auteur rappelle un certain nombre de faits et permet donc au lecteur de se constituer des références historiques précises. En mai 1945 les subventions à l’enseignement catholique, mises en œuvre par le gouvernement de Vichy, sont supprimées à l’exception de celles touchant les établissements techniques et les associations et mouvements de jeunesse. De plus les bourses, versées aux élèves dans le secondaire, peuvent revenir directement aux collèges privés.
L’article préparant le Conseil National du SNI de Pâques 1945 est optimiste (L’Ecole Libératrice n°11 du 25 mas 1945). La question posée est simple « Est-ce que la République Française reviendra, oui ou non, à la tradition républicaine et laïque ? ». Notant le soutien de la « classe ouvrière », le regroupement de toutes les forces amies, Paul Delanoue, secrétaire de la Commission de défense laïque conclut son article : « Nous sommes persuadés que notre cause finira par triompher parce qu’elle est celle de la tolérance, de la tradition républicaine et de l’unité française ».
Le responsable ultérieur de la question laïque au syndicat national des instituteurs Clément Durand (d'un département très marqué par la concurrence scolaire, à savoir la Mayanne) écrit, dans L’Ecole Libératrice n°14 du 10 avril 1946, ceci :
« En fait, nous nous trouvons en présence d’une philosophie opposée à la nôtre. Sous prétexte de garder à Dieu tous ses enfants, l’Eglise n’hésite pas à vouloir imprimer à la cire molle de leurs jeunes cerveaux une empreinte indélébile. Face à de telles exigences, nous sommes les véritables défenseurs de la liberté lorsque nous affirmons que l’enfant ne doit être élevé ni pour un dogme, ni pour un Etat quelconque, mais pour lui-même ; qu’il faut préserver dans l’enfant l’homme futur, faisant en sorte que rien ne l’empêche de connaître les différents systèmes qui appartiennent à son milieu et entre lesquels, plus tard il aura toute liberté de choisir ou de ne pas choisir. La laïcité pose en principe qu’aucune force, aucune habitude ne doit dominer la conscience d’un enfant et que toute croyance n’a de valeur que si elle résulte d’un choix et représente la conquête d’une personnalité ».
« Les élections législatives ont lieu les 2 et 17 juin 1951, selon un mode de scrutin, les "apparentements" entre MRP et SFIO, qui visait à empêcher le parti communiste d’avoir des élus en trop grand nombre » (page 82). Ajoutons personnellement que par exemple dans le Territoire de Belfort à un député laïc proche du PCF succède un député RPF (gaulliste) ; ceci est un exemple parlant du fait que si le système des apparentements se traduit par la diminution du nombre des députés communistes (ou apparenté) par contre, avec ce même système électoral, arrive un nombre important des députés démocrates-chrétiens ou gaullistes tous favorables à l’enseignement catholique.
Avec la nouvelle composition de l'Assemblée nationale entre 1951 et 1956, les lois Marie (président radical, mais non laïc, du Conseil) et Barangé font qu’est versée une allocation trimestrielle pour chaque enfant fréquentant l'école primaire publique ou privé. À la suite de quoi « le Comité National de défense laïque, réuni le 9 décembre 1951 à Luçon la ville épiscopale d’où ont été lancés tous les mots d’ordre de division nationale et de rébellion contre les institutions républicaines (…) affirme à nouveau sa résolution de lutter sans répit pour obtenir non seulement le retour à la législation scolaire de la IIIè République, mais aussi l’institution sur tous les territoires de l’Union française, d’une seule école nationale et laïque qui réaliserait dès l’enfance la fraternité nationale, condition et prélude de la fraternité humaine » (page 87).
Bien que nous soyons submergé de détails sur les actions du SNI et de la FEN (Fédération de l’éducation nationale), nous pouvons suivre notamment les conflits engagés autour de la loi Debré (étape primordiale dans le financement des enseignants du privé par l’État) complété par la loi Guermeur, les tentatives malheureuse entre 1981 et 1983 de créer un grand service public unifié et laïque en matière d’enseignement, l’échec en janvier1994 de faire financer la construction d’établissements privés par les collectivités locales (projet porté par le ministre Bayrou), et l’apparition de signes religieux à l’école (le ministre Lionel Jospin tergiversant alors qu’il disposait d’un texte rédigé par Jean Zay permettant de réagir rapidement).
Pour connaisseurs Aucune illustration