Avis de Benjamin : "Il y avait un olivier sacré, particulièrement vénéré, ayant servi à abriter la Sainte Famille dans le quartier de Zeitoun au Caire"
Gabriel Couzian est né en Égypte au Caire, sa famille est d'origine arménienne et son grand-père maternel a entendu mourir sa mère dans des conditions dramatiques liées au génocide (page 31). On apprend d’ailleurs que le suffixe" ian" (caractéristique des noms de familles arméniens) signifie "maison de" (page 48).
Toutefois ce sont les années cinquante de l’univers égyptien qui nous sont contées ici, à travers les yeux d’un jeune au départ d’une dizaine d’années ; d’ailleurs l’ouvrage est sous-titré Mon enfance en Égypte. Le récit se clôt par quelques pages autour de plusieurs mois passés au Liban en 1961 ; le narrateur y est arrivé via la Syrie ceci nous rappelle que la République arabe unie de février 1958 et septembre 1961 couvrait à la fois l’Égypte et la Syrie. Cette union disparut donc au bout de trois ans et aucun autre pays ne se joignit à cet ensemble ; l’objectif de Nasser était de réunir progressivement l’ensemble des pays arabes sous sa houlette. Rappelons qu’en 1966 un coup d’état va progressivement amener Hafez-el-Assad à s’emparer de tous les pouvoirs en Syrie.
En fait cette famille arménienne s’exile aux quatre coins du globe après leur départ échelonné d’Égypte (le Liban étant pour certains une étape) puisque le narrateur arrivé et resté en France (où il avait un oncle présent depuis 1950) a de la famille tant au Canada qu’en Australie.
Cliché absent du livre
L’intérêt de l’ouvrage repose dans la perception personnelle de Gabriel Couzan des évènements qui agitent l’Égypte des années 1950 marquées par la chute du roi Farouk, la prise du pouvoir par Nasser et l’opposition des Frères musulmans à ce dernier (ils tentent de l’assassiner), l’Affaire de la nationalisation du canal de Suez qui se traduit avec l’appui des Israéliens par une intervention franco-anglaise (à l’initiative de Guy Mollet et avec l’appui de François Mitterrand) et ruine quasiment tous les sentiments de sympathie des Égyptiens vis-à-vis de la France, la visite de Khrouchtchev (conséquence de la nouvelle politique étrangère en cours)dans le pays. On perçoit bien les répercussions de ces évènements sur la vie familiale de Gabriel Couzian et du fait des responsabilités de ses oncles (l’un responsable de la protection du roi et l’autre dans l’entourage de Nasser chargé du protocole) on a droit à de nombreuses photos des dirigeants égyptiens (dont Naguib et Nasser) de l’époque et parfois des éminents visiteurs du pays comme Khrouchtchev en plus des clichés montrant ses parents.
Pour tous publics Quelques illustrations
On m'a toujours dit que le suffixe "ian" ou "yan" signifiait "fils de" mais "maison de" est une autre nuance.