Avis de Adam Craponne : "En mai dernier, on a pris la parole comme on a pris la Bastille en 1789 (Michel de Certeau)"
L’ouvrage était paru aux éditions Complexe en 2008 sous le titre Mai 68 dans le texte. Le premier chapitre dégage l’environnement culturel qui précède et prépare les évènements : l’opposition en France à la Guerre du Vietnam, L’affaire Langlois, le bouillonnement à l’université de Nanterre…
Le second chapitre raconte, en cent trente pages, l’aventure que fut Mai 68 sur la scène parisienne et gouvernementale. Une belle trouvaille est de lire, sur l’équivalent de deux pages, le dialogue sur RTL qui permet un échange (dans deux lieux différents) le 10 mai entre Alain Geismar le leader du SNES-Sup et Claude Chalin vice-recteur de la Sorbonne. Ce dernier entend plaider auprès du ministre de l’Éducation la libération des étudiants emprisonnés.
Louis Joxe (premier ministre par intérim, car Georges Pompidou est en voyage officiel en Afghanistan) donne l’ordre de faire dégager les barricades et cette action commence le lendemain à deux heures du matin. Le document suivant est le rapport du commissaire Soreau au préfet de police Maurice Grimaud sur les évènements qui se passent autour du boulevard Saint-Michel, suite à cette décision gouvernementale.
Ces deux chapitres constituent une première partie intitulée "L’irruption", la seconde partie a pour nom "L’Extension du champ des possibles" (une expression de Jean-Paul Sartre) et est composée de quatre chapitres qui pointent successivement les bouillonnements dans l’université, les usines, la culture, les actions politiques.
On apprécie là en particulier un extrait sur huit pages des interventions spontanées au théâtre de l’Odéon (pages 336-343) à partir du 16 mai, le prises de paroles avaient prises en sténo par des personnes à la demande les organisateurs de ce forum où ne s’exprimaient peu de révolutionnaires mais des gens qui racontaient leur vécu ou exprimaient des idées surtout, certains étaient d’ailleurs hostiles au mouvement estudiantin (voir http://www.ina.fr/video/CAF89000336). La police ne fera évacué que le 16 juin cet établissement culturel.
Tout au long de l’ouvrage, les faits sont très documentés, avec reproduction de textes ou de dialogues peu connus. Au lecteur de choisir de retenir ce qui lui semble significatif de l'évènement. En disciple de Michel de Certeau, l’auteure a atteint son objectif, mentionné dans l’introduction à savoir retrouver « le sens de ce qui s’est passé » en le saisissant « dans l’événement lui-même ».
Pour connaisseurs Aucune illustration