Avis de Ernest : "Tuer l’indien pour sauver l’homme"
« Tuer l’indien pour sauver l’homme » est une authentique phrase du capitaine Prat qui dirigea l’école de Carlisle en Pennsylvanie, occupant les locaux d’une ancienne caserne à partir de 1879.
On a ici la version canadienne de Carliste, avec pour narrateur un de ses pensionnaires qui n’aurait droit d’être appelé que sous le nom de "Numéro 15". Il est évident que le but était de donner à ces jeunes une identité anglophone ou francophone et aussi terribles qu’aient été les conditions de vie dans ces internats, elles ne relevaient pas des camps de concentration mais semblent s'en approcher. Il est évident que le but étant de donner une identité anglophone ou francophone aux pensionnaires, les appeler par des numéros était largement contre-productif. On peut raisonnablement penser que certains membres de l'encadrement y avaient pensé et donnait un prénom, certes anglo-saxon ou français, à leurs pensionnaires.
Sa langue l’ojibwé ne doit plus être entendue dans ses échanges avec ses camarades et seul l’anglais est autorisé. Notons que les Ojibwés furent de fidèles alliés des Français dans les guerres qui opposèrent ces derniers aux Anglais.
Dans ce roman, en milieu anglophone, où l'encadrement relève de sœurs et de frères catholiques, on doit poser que l'on est chez des immigrants européens venus d'Irlande. En écrivant dans sa postface que prêtres et nonnes ont sévi dans ces écoles durant plus d’un siècle, l'auteure rappelle que malheureusement les francophones (eux-mêmes opprimés par les Anglophones) ont maltraité les jeunes indiens. En milieu protestant et anglican, on avait évidemment affaire à des laïcs, des prêtres de l'Église anglicane et des pasteurs.
Illustration absente du livre
L’époque de l’action n’est pas précisée mais il est dit que le récit est inspiré de la vie d’un jeune indien nommé Chanie Wenjack décédé en 1966 lors de sa fuite de ce type de pensionnat. Il avait été bien scolarisé en anglais mais par des membres de l’Église presbytérienne. Le dernier établissement de ce type a fermé 1996. Si l’intention de l’ouvrage est louable, il me semble que l’auteure, en matière de cohérence culturelle a manqué d’exigence envers son écriture. En 2016 est sorti en anglais le récit romancé de la vie de Chanie Wenjack sous la plume de Joseph Boyden.
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