Avis de Xirong : "Cours camarade, le vieux monde est derrière toi"
À travers le récit fictif à la première personne du singulier (assez largement inspiré de la vie de la scénariste), c’est, pour une partie de l’extrême-gauche, toute l’histoire militante des premiers vingt ans de la Ve République qui est évoquée. Quoique le combat contre la Guerre d’Algérie et pour l’indépendance de ce pays soit le fait de la branche trotskyste ceci n’est pas souligné car l’objectif est de reconstituer l’activisme des maoïstes. On chercherait par ailleurs en vain une allusion aux mouvements libertaires autre que celle de la rencontre d’anarchistes espagnols réfugiés en France.
Cela permet de rappeler que de jeunes étudiants partirent travailler en usine pour conscientiser les ouvriers. Toutes les dates mémorielles de cette période sont largement évoquées mais habilement dans le cadre d’un récit soutenu par une approche centrée sur les évènements qu’auraient vécu une certaine Élise censée être née en 1940 durant la Seconde Guerre mondiale (son père passant près de quatre ans au stalag). Outre de se revendiquer les enfants de Lénine, voire de Staline et de Mao, les militants de l’extrême-gauche maoïste de l’époque se voulaient les continuateurs des actions de la Résistance, c’est pourquoi lis se disaient les nouveaux partisans.
Sont mis en scène la manifestation contre l’arrivée au pouvoir de de Gaulle en mai 1958, du 17 octobre 1961 à l’appel du FLN, le massacre au métro Charonne, les évènements de 1968, la mort de Pierre Overney par un vigile de Renault, le soutien aux Palestiniens, contre les actions d’Ordre nouveau (c’est la Ligue communiste qui appelle à la manifestation du 21 juin 1973, et non la LCR comme il est écrit), diverses grèves dont celle de l’usine Ferodo ou de l’industrie horlogère avec Lip, le soutien aux détenus, les oppositions aux crimes racistes, la tentation du passage à la lutte armée, la défense de la Révolution des œillets . Je regrette de ne pas avoir vu développer les manifestations contre la Guerre du Vietnam qui ont rythmé également cette période, ceci même si on consacre une phrase sur la fin de la Guerre du Vietnam en dernière page (mais le lecteur ne peut deviner le ressort que son opposition fut en France pour les gens d’extrême-gauche).
Notons une brève mention des massacres en Algérie au lendemain de la Seconde Guerre mondiale et à la manifestation d’opposition à la loi Devaquet en 1986. On a des images fortes sur certains bidonvilles peuplés d’immigrés, comme celui de Nanterre ou celui de Nice, qui perdurèrent jusqu’à l’action du Premier Ministre Jacques Chaban-Delmas. La répression par les forces de l’ordre était alors d’une rare violence et les meurtres de manifestants en découlèrent ; il est vrai que parmi les policiers et préfets de police subsistaient encore certaines personnes (dont Papon) qui servirent le gouvernement de Vichy.
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