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La guerre d’Indochine dans le cinéma français: Images d’un trou de mémoire

La guerre d’Indochine dans le cinéma français: Images d’un trou de mémoire
Presses universitaires de Rennes358 pages
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Avis de Alexandre : "L’Indociné"

Pierre Schoendoerffer, mort le 14 mars 2012 à Clamart, assure la préface de l’ouvrage ; rappelons qu’il est le réalisateur de La 317e Section et de Diên Biên Phu. Bien que les films français sur la Guerre d’Indochine soient rares, les siens sont assez connus.  

Ce fut une guerre lointaine où ne combattaient que des volontaires et parmi eux un grand nombre de légionnaires qui, après avoir servi sous l’uniforme allemand ou italien et bien moins souvent avoir été résistants en France (dont certains Ibériques qui avaient fait la Guerre d’Espagne), s’étaient recyclés. De façon anecdotique, on trouvait là aussi le futur professeur Choron, très jeune orphelin de père … Très peu de familles françaises avaient un des leurs qui participait à la Guerre d’Indochine.

Il est dommage que l’auteure lise parfois trop vite certains documents, ce qui l’entraîne par exemple à confondre Cambodge et Laos pour La 317e Section (page 17) et a mal comprendre le sens de ce que dit la voix off dans Charlie Bown (page 51). Ce dernier film, comme Le facteur s'en va-t-en guerre, est de Claude Bernard-Aubert né le 26 mai 1930 à Durtal et mort au Mans le 25 juin 2018. Claude Bernard-Aubert a réalisé des films pornographiques en grand nombre, ce qui n’est pas négligeable de savoir ici.  Ce dernier, comme Pierre Schoendoerffer, a été reporter de guerre en Indochine et lui aussi utilise ses propres souvenirs, toutefois cette fiction a la couleur de la fiction et le goût de la fiction (pour reprendre un slogan publicitaire de canada dry) mais n’a pas la petite dimension faussement documentaire qu’ont les films de Pierre Schoendoerffer. Il y a une également d’autres  différences de poids : « là où le second stigmatise des sacrifiés, le premier traite sans complaisance de la trajectoire de criminels. Schoendoerffer est le réalisateur d’une mémoire ancien combattant consensuelle dont l’esthétique s’inscrit dans les standards de la Nouvelle Vague, alors que Bernard-Aubert marie Sam Peckimpah à Samuel Fuller. Cinéaste subversif, politiquement incorrect, voire volontiers scabreux, il caractérise, par exemple, chaque mort  dans Charlie Bown par des détails rendus sans doute encore plus abjects par leur réalisme même, l’un finit scalpé alors qu’il courait, pantalon aux chevilles, s’isoler dans les feuillées de fortune ; un autre s’excuse auprès de son capitaine de s’éteindre en pleine crise de flatulences ; un troisième supplie qu’on ne le laisse pas mourir vierge et rend son dernier souffle dans un spasme de jouissance alors que son capitaine s’applique à le dépuceler sous les regards graves du reste des membre » (page 52).

Fort du fou de Léo Joannon (visible en totalité là https://www.youtube.com/watch?v=h6n18y4FxsA), est sorti en 1963, avec un scénario très original qu'a écrit Georges Kessel, le frère de Joseph Kessel. Ce réalisateur, né le 21 août 1904 à Aix-en-Provence et mort le 28 mars 1969, a toujours été très lié aux milieux catholiques, ce qui l’a conduit à être un des propagandistes et responsables du cinéma sous le régime de Vichy. Il livre avec Fort du fou un drame intense qui emmène des militaires français à se déchirer du fait de l’habile propagande manipulatrice mise en scène par le Vietminh, qui assiège le poste français. Relevons que dans le film, le curé vietnamien déclare que la persécution fortifie la foi et que parmi les acteurs on voit le regretté Jean Rochefort.     

L’auteure ne s’est pas contentée d’étudier les films avec une action en Indochine entre 1945 et 1954, elle a regardé les productions en film qui y font allusion. Avec Le Rendez-vous des quais de Paul Carpita (voir la présentation qu’en fait ce dernier ici https://www.youtube.com/watch?v=tbk4Au5HudM), on a un film militant produit sous l’égide du PCF, dont l’histoire est un vrai roman puisque tourné en 1955, il ne sortira qu’en 1990 en raison de la censure. On y voit les dockers et ouvriers marseillais se mettre en grève pour manifester contre la guerre en Indochine. C’est d’ailleurs avec un grand intérêt que l’on voit reproduit les débats de la commission de censure autour de plusieurs films. On apprécie les nombreuses photographies du film.  

Pour connaisseurs Quelques illustrations

Alexandre

Note globale :

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