Avis de Adam Craponne : "Pour Pinay le"
Deux Présidents du Conseil de la IVe République restèrent populaires, ce fut Mendès-France pour la gauche et Pinay pour la droite. Antoine Veil, le mari de Simone Veil, réalise ici une longue interview de ce dernier. Maire de Saint-Chamond en 1929, un peu à l’insu de son plein gré, Antoine Pinay e voit en 1936 très sollicité par les radicaux et les modérés de sauver un siège qui, à l’issue du premier tour, allait revenir au PCF. En effet dans cette circonscription qui fut celle d’Aristide Briand à la Belle Époque, Alfred Vernay le député sortant radical (journaliste et non ancien instituteur) avait été devancé par le candidat communiste. La particularité, sous la IIIe République, est que l’on peut être candidat au second tour sans l’avoir été au premier.
Aussi, avec l’appui non officiel mais conséquent des radicaux et celui non dissimulé des modérés, Antoine Pinay se présente au second tour alors qu’il était absent au premier. Ceci l’amène à s’apparenter au groupe radical en 1936 et de compter ainsi parmi les députés apparentés ou membre à part entière des groupes radicaux ou socialistes indépendants de l’USR à être plus ou moins hostiles aux actions des gouvernements de Front populaire.
En 1940, il vote les plains pouvoirs à Pétain mais est relevé de son inéligibilité du fait de son attitude sous L’Occupation en tant que maire. Au début de la IVe République, Claudius-Petit, élu UDSR de la Loire, représente la sensibilité du centrisme social catholique. Le département a élu de plus trois députés MRP en 1945. Dans un scrutin de liste au niveau départemental, il n’y a pas de chance d’être élu sur le créneau de centriste. En fait, selon nous, Pinay choisit de se présenter en 1946 comme indépendant car dans la Loire il n’y a pas de député sortant modéré. Il dit ne pas avoir envisagé une adhésion au parti radical, vu la discipline de vote qu’on y imposait. Or comme Antoine Veil le souligne, cette discipline y était bien légère, de plus à une époque où la question de la nationalisation des écoles des mines et du financement des écoles privées par l’État, il est certain qu’il n’a pas sa place dans un parti qui a une tradition laïque (lui qui a été scolarisé chez les frères maristes et est resté catholique pratiquant).
Sous la IVe République la carrière politique de notre personnage est très dense du fait qu’il soutient et fait parti de nombreux gouvernements de troisième force, communistes et gaullistes les rejetant. S’il redresse les finances françaises en 1952, c’est notamment en lançant l’emprunt Pinay, qui indexé sur l’or se révèlera un gouffre financier sur un quart de siècle. De plus l’économie française souffre des conséquences de certaines décisions prises par lui.
Ministre de l’Économie et des finances dans le premier gouvernement de la Ve République, il est démis de ses fonctions en raison de sa critique la politique jugée trop anti-américaine de De Gaulle. Antoine Pinay prend un ton toujours aimable lorsqu’il évoque d’autres personnages politiques, y compris ceux dont il ne partageait pas les idées comme Léon Blum et Michel Debré.
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