Avis de Xirong : "FLB, FNLC, FNLG, FLJ, FLQ ou le temps des seventies"
Rappelons-nous que les années soixante-dix virent une poussée de mouvements régionaux qui prônaient, par des actions violentes plus ou moins symboliques, une décolonisation de leur espace. Des Bretons, Corses, Guyanais, Jurassiens et Québécois militèrent en particulier dans des mouvements où le F et le L de leurs initiales renvoyaient respectivement à "Front" et à "Libération".
L’action d’Automne rouge se déroule à Québec en 1970 et on suit un adolescent qui se voit obligé, avec le reste de ses camarades de classe, de concevoir les aventures d’un héros. Les idées ne viennent pas à tous et notre personnage principal Laurent se voit prendre les siennes par une petite terreur qui le traite de "bâtard", ceci vu les incertitudes qui tournent autour de son père.
L’homme fort Louis Cyr qui vécut au XIXe siècle, le géant Beaupré, Alexis le trotteur et Adam Dollard des Ormeaux qui repoussa l'invasion iroquoise de 1660 sont cités comme héros par les élèves. J’ai noté trois mots typiquement canadiens français au cours du récit dont "niaiser" qui signifie "se moquer" ou ici plutôt "s’amuser".
La tante de Laurent serait plutôt du genre baba cool. Au Québec c’est l’époque où le FLQ se lance dans certaines actions (dont le braquage de banques, les attentats à la banque et la prise d’otages) en parallèle de celles du Parti québécois qui entend aller lui aussi vers l’indépendance pour la Belle Province mais par des moyens légaux et sans effusion de sang. La mère du personnage principale est d’ailleurs membre du PQ et, comme les autorités frappent alors les dirigeants de ce parti, elle se retrouve en prison. Le professeur qui a donné comme sujet "un héros québécois" se retrouve sanctionné du fait de la production provocatrice d’un de ses élèves.
On est aussi dans une période où les médias s’intéressent aux conflits sociaux et où ceux-ci augmentent du fait de la mondialisation progressive de la finance et du Premier choc pétrolier (qui arrive un peu après le moment où se déroule le récit de cette BD). Sans manichéisme excessif, le récit aborde ces questions identitaires avec tact et inventivité. Le graphisme est plein d’élégance tant par le tait que par l’ambiance colorée porteuse d’une sensibilité de mystères. On a la clé de plusieurs d’entre eux. Du fait d’un concours de circonstances, Laurent va en apprendre plus sur ses origines mais il y a bien d’autres choses à éclaircir.
Pour tous publics Beaucoup d'illustrations