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Paul-Meunier, un député aubois victime de la dictature de Georges Clemenceau

Paul-Meunier, un député aubois victime de la dictature de Georges Clemenceau
Harmattan392 pages
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Avis de Octave : "Un Meunier qui n’apporte guère d’eau au moulin"

Parmi les personnalités de second plan de la Grande Guerre, nous avons vu celle de Pierre Brizon (Pierre Brizon pacifiste : Député socialiste de l’Allier, pélerin de Kienthal). Quoique non marxiste Paul Meunier eut une action centrée en partie sur les mêmes objectifs que Pierre Brizon durant ce conflit : souci de mettre fin aux combats, défense des fusillés pour l’exemple, inquiétude pour certains traitements des soldats frappés d’obusite, mise en cause de l’action de Clemenceau vis-à-vis de l’arrière …

Autant l’ouvrage sur Pierre Brizon nous permettait une approche globale et fine du personnage, alliée à une parfaite connaissance des débats d’idées qui agitent le parti socialiste SFIO de ses origines aux années 1920 et les bouleversements que connaît le Parti communiste en ses jeunes années, autant l’ouvrage d’Yves Charpy semble être un îlot de connaissances au milieu d’un océan de vague (sic) intelligence des situations.

Le titre pose déjà problème pour plusieurs raisons. Si Clemenceau exerce une dictature, il faut expliciter cette idée. De toute façon la dimension du combat du personnage choisi par Yves Charpy n’a pas attendu l’arrivée au pouvoir de Georges Clemenceau le 16 novembre 1917 pour s’exprimer. Il faudrait vérifier de manière exhaustive mais il est même possible que sur des sujets, comme les troubles psychiques dues à la présence au front, Georges Clemenceau ne soit pas loin d’avoir partagé l’opinion de Paul Meunier. Ceci pour deux raisons essentielles : il est le médecin et il est le parlementaire, parmi ceux qui n’ont pas été mobilisés, connaissant le mieux la vie des soldats dans les tranchées ; en tant que président de deux commissions sénatoriales, il est autorisé à se rendre sur le front à cinq reprises pour plusieurs jours consécutifs entre début 1915 et octobre 1917.

L’ouvrage Paul-Meunier, un député aubois victime de la dictature de Georges Clemenceau est un catalogue de citations. Lorsqu’il s’agit de documents d’époque ou de jugements de l’Entre-deux-guerres, cela peut se justifier (à condition de ne pas en abuser). On a l’impression, qu’après avoir rassemblé des informations multiples, l’auteur n’a pas été capable de les digérer. Quand en plus de copieuses lignes d’historiens du derniers tiers du XXe siècle s’ajoutent, on souffre d’un haut-le-cœur.

Paul-Meunier est un personnage historique extrêmement intéressant, d’ailleurs dans le numéro du printemps 2013 de La Lettre du Chemin des dames à la page 40 il est évoqué par du texte et une photographie. Malheureusement ici le biographe n’a pas su se hisser à la hauteur de son personnage. Il a été incapable de nous dire quoique ce soit sur ce qu’il fut avant d’aller siéger sur les bancs de l’Assemblée nationale ; c’est très incidemment à l’extrême de l’ouvrage qu’il a été le défenseur d’un célèbre syndicaliste havrais.

Yves Charpy a rassemblé tout ce que l’on savait de Paul-Meunier à travers des livres sur divers sujets qui le citaient, il n’apporte presque rien de neuf. Le point qu’il semble avoir travaillé de la façon la plus personnelle est l’accusation d’intelligence avec l’ennemi qui frappe le député aubois. Toutefois dans le chapitre « Paul-Meunier et les négociations secrètes », Yves Charpy avance avec un parti pris évident l’idée que la paix était possible en 1917. Il n’y a d’ailleurs que sous la plume d’historiens chantre du catholicisme qu’une telle opinion est émise avec tant d’intensité, ce qui est logique chez eux mais étonne dans l’ouvrage que nous évoquons. Yves Charpy prête foi dans les initiatives autrichiennes, sans apparemment voir la légèreté des propositions ; en effet l’Autriche-Hongrie promet à la France la rétrocession de l’Alsace-Lorraine qui ne lui appartient pas et refuse de donner à l’Italie les régions latines qu’elle possède. On aurait aimé mesurer la consistance des actions d’approche en Suisse qu’a pu mener Paul Meunier, à travers d’autres précisions que le contenu d’articles polémiques et mal informés du type de ceux que savait produire L’Action française.

Certes Clemenceau a déclaré : « Je connais un tas de types à qui je ne pardonnerai jamais les injures que je leur ai faites » et on peut comprendre que le Tigre ait pu en vouloir au personnage évoqué en assimilant les actions de Paul Meunier à celles de Joseph Caillaux. Toutefois avancer comme argument pour l’arrestation de Paul Meunier que cela s’est produit du fait qu’il était l’avocat d’un personnage en conflit d’intérêt avec un autre défendu par maître Albert Clemenceau (frère de Georges) semble relever d’une vision destinée à interpréter tous les évènements pour des preuves de l’exercice d’une réelle dictature de la part du Tigre. Le passage autour du frère du Président du conseil de l’époque est à peu près la seule information nouvelle que l’on a autour de Clemenceau. Le titre se voulant assez racoleur, on évitera de le mettre dans une bibliographie autour du Tigre, sauf si l’on veut être très exhaustif. Preuve dernière, cette fois très formelle, que ce livre est mal fait, on retrouve à la page 140 et la page 305 la même citation sans que cela ne se justifie aucunement.

Octave

Note globale :

Par - 464 avis déposés - lecteur régulier

675 critiques
10/02/15
Lucie Colliard institutrice pacifiste, originaire de la Haute-Savoie, a pour avocat le député Paul Meunier (Christine Bard. « Les filles de Marainne : histoire des féminismes 1914-1940″, page 107)
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