Avis de Octave : "La tactique est une mécanique qui donne la colique aux Germaniques"
Notre titre est un clin d’œil à un poème du Belge Maurice Carême ; né en 1899, il passe la guerre chez ses parents à Wavre (aujourd’hui en Brabant wallon) faisant alors ses études à l’Ecole normale primaire de Tirlemont qui formait tous les instituteurs de la province du Brabant. Le prétexte à notre titre est la phrase suivante de notre poète: « L'arithmétique est une mécanique qui donne la colique aux catholiques ». Pour la petite histoire, non sans conséquence, le lieutenant-colonel Hentsch chef de la section de renseignements de l’OHL (le Commandement suprême de l'armée de Terre) souffrait de coliques néphrétiques et il parcourut 250 km pour avertir le général Kluck d’arrêter ces initiatives intempestives.
Dans l’introduction l’auteur pose deux questions à savoir :
« Que pouvons-nous encore apprendre de la bataille de la Marne ? »
« Or, contrairement à cette légende dorée qui s’installe dès 1914, il n’y a pas eu de miracle militaire sur la Marne. Pourquoi ? »
Pour y répondre, il va largement étudier, tant pour le camp français que pour l’armée allemande, les théories en matière de tactique militaire sous la Belle Époque et les initiatives de généraux qui prennent de larges distances avec les ordres qui leur sont donnés (toutefois les actions de Foch en contradiction avec les ordres de Castelnau sont ignorées car elles se déroulent en Lorraine).
Les Allemands mirent d’ailleurs, le général Kluck en premier (ce qui lui permettait de se dédouaner, sur le compte de l’héroïsme français la Victoire de La Marne (page 99). Rappelons le général Kluck modifie la direction de marche de sa 1re armée du sud-ouest vers le sud-est pour aider la 2e armée allemande. Les erreurs du commandement allemand à la fin de l’été 1914 seront répétées, d’une certaine façon, par Ludendorff au printemps 1918. Pour mettre le futur lecteur sur une des pistes de ces fautes ou insuffisances, relevons cette phrase dans la conclusion :
« En négligeant notamment leur corps de transmission, les Allemands se sont peut-être eux-mêmes privés des moyens d’exercer leur méthode de commandement » (page 100).
Lemme est un des rares éditeurs de livre d’histoire à avoir compris que l’illustration n’a pas un rôle décoratif et en conséquence a un intérêt important. De taille correcte (car là encore on a parfois chez d’autres des documents quasi illisibles), elle apporte des informations complémentaires soit par le commentaire qui en est fait par l’auteur, soit par l’interprétation personnelle qu’en fait le lecteur. Face à cette donnée, on ne peut que se réjouir.
Pour tous publics Beaucoup d'illustrations