Avis de Octave : "Des lettres de personnages du monde des arts durant la Première Guerre mondiale : Proust et Ravel"
Pour un ouvrage dont l’origine se trouve dans une volonté pédagogique, celui qui écrit ses lignes est très gêné d’en faire une critique. Pour beaucoup des choix faits, il pense qu’il aurait fallu procéder autrement. Son plus grand regret est de ne pas voir citer Le Concerto pour la main gauche de Maurice Ravel, d’autant que Le Bolero a droit à quatre phrases. Si pour une fiction les surprises sont souvent positives, pour un ouvrage documentaire elles peuvent aller très vite sur les deux extrémités des opinions de valeur. Après une préface de Jacques de Decker secrétaire perpétuel de l’Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique, comme nous l’indique internet, on a une partie sur l’enchaînement qui mène à la guerre.
Après les origines et débuts du conflit, c’est un courrier de Maurice Ravel, adressé à une mère d’un de ses élèves de confession israélite qui nous est présenté (photographies de l’original et transcription en caractères d’imprimerie). Cette sélection est très pertinente car son destinataire sera le biographe de Maurice Ravel quoique le texte de Stéphanie Becco parlant de Roland-Manuel Dreyfus, il faille traduire en Roland-Manuel Levy. Des notes accompagnent ce courrier et des explications, autour de certains aspects du conflit (et de l’Affaire Dreyfus), qui se veulent pédagogiques suivent. Il suit un courrier de Marcel Proust à Marie-Marguerite Bertin (1858-1928), amie de sa mère et épouse d’Anatole Catusse (qui eut entre autre une carrière de préfet). Le contenu des commentaires pour l’un ou l’autre éclairent notamment sur le rôle des femmes pendant la guerre, l’espionnage, la littérature patriotique, les conséquences de la guerre … Des questions tendant plus à vérifier des connaissances un peu trop superficielles sur la Première Guerre mondiale ou les deux artistes, plus qu’à faire réfléchir, sont présentées.
Avec un Maurice Ravel chauffeur de poids lourds se dirigeant vers la zone des armées et quelqu’un comme Marcel Proust qui du fait de sa santé ne connaît même pas les services auxiliaires (alors qu’il a de 43 à 48 ans durant le conflit), on est loin dans ces courriers de l’univers du poilu connaissant le front. C’est donc une sélection qui sort des productions habituelles qui sont aujourd’hui habituellement proposées lorsqu’on évoque la correspondance durant la Première Guerre mondiale d’hommes en âge d’être sous les drapeaux.
Cet ouvrage est proposé en France comme un des titres d’un coffret intitulé En toutes lettres dans lequel on trouve également de Jean-Christophe Hubert L’artiste face à son public, par Laurent Kestre Grandes inventions du XIXe siècle, sous la plume d’Adrien Roselaer Les musiciens au XIXe siècle, avec de nouveau Stéphanie Becco Lettres des Lumières. Les libraires hexagonaux ou d’outre-Jura peuvent en faire l’acquisition dans l’hexagone par Média Diffusion et MDS respectivement à Paris XIIIe et Dourdan, qui en assurent la diffusion. Le titre Lettres de la Grande Guerre est vendu de façon autonome uniquement en Belgique.