Avis de Octave : "Peine sans fin"
Ce livre évoque combien le deuil d’un combattant a pesé sur les veuves, sœurs, pères, mères, grands-parents, oncles et tantes de ceux-ci. Quatre univers sont français, et l’un est anglais. Ce dernier est celui de Vera Brittain, l’amante de Roland Leighton, mort le 23 décembre 1915 à l’âge de 20 ans en Artois, qui du fait de sa myopie avait d’abord été refusé par l’armée, puis accepté après de nombreuses démarches comme cadre pour le recrutement, puis versé en mars 1915 dans le 7th Worcesters.
Parmi les Françaises, Blanche Maupas est la plus connue, car elle sollicite la Ligue des Droits de l’Homme et les syndicats d’instituteurs afin de mener une campagne de réhabilitation de Théophile, son mari, un fusillé pour l’exemple. Ce Comité Maupas devient quelques années plus tard le Comité national pour la réhabilitation des victimes de guerre. Sur l’instituteur normand Théophile Maupas, fusillé pour l’exemple à Suippes le 17 mars 1915 à l’âge de 40 ans passés, on lira les pages 581 à 583 de 14-18, les fusillés de Frédéric Mathieu.
Un autre destin est celui de la sœur aînée du Stéphanois Émile Clermont, fonctionnaire à la préfecture de la Seine en 1914 et homme de lettres fort apprécié de Barrès qui le salue dans l’Écho de Paris du 3 avril 1916. Primice Mendès va habiter la vie de sa mère après son décès en avril 1917 au Chemin des Dames. Il est le fils du poète Camille Mendès et le filleul de Sarah Bernhardt, il avait fait ses études au lycée de Versailles.
La grand-mère de Maurice Gallé crée à Creil, dans l’Oise, un musée consacré à la mémoire de ce dernier, on verra sa présentation à http://manouedith.canalblog.com/archives/2009/11/11/15737130.html. Les conséquences de la Grande Guerre furent multiples, et il faut se rappeler que l’on assiste à un véritable culte des morts dans l’entre-deux-guerres. On se rappelle d’ailleurs qu’Ernest Pérochon raconte dans L’Instituteur que lors de la réunion annuelle de l’amicale des anciens normaliens de Parthenay, on dressait le couvert pour tous les anciens élèves-maîtres du département des Deux-Sèvres morts au champ d’honneur, un cartel rappelant leur nom à côté de chaque assiette.
ll est à noter que Les enfants du deuil d’Olivier Faron tentait de montrer comment globalement s’organisa en fonction du deuil la vie d’enfant puis d’adulte des pupilles de la Nation, qui d’ailleurs n’étaient pas tous orphelins (ont droit à ce titre également un certain nombre d’enfants d’invalides). Notre propre histoire familiale montre d’ailleurs que tous les enfants des héros ne trouvèrent pas auprès du reste de leur famille l’affection qu’ils auraient pu attendre.