Avis de Octave : "L'homme blanc, a une montre, mais il n'a pas le temps (réflexion venue d’Afrique)"
Ici il ne s’agit pas d’hommes blancs mais de filles chtis et elles vont trouver le temps de la Grande Guerre sacrément long. Alors qu’au printemps 1914 Angèle et Zélie sont deux amies travaillant comme ouvrières dans une usine textile très proche de la façade maritime du département du Nord. Angèle est orpheline et avec son frère Pierre elle a trouvé refuge chez sa grand-mère depuis peu.
Zélie n’a pas la chance d’être orpheline pour reprendre une formule de Jules Renard, aussi décide-t-elle de fuir père et mère alors qu’elle vient d’être majeure elle part retrouver sa tante à Lille. Les circonstances vont faire que l’une et l’autre passeront toute la guerre à 75 km l’une de l’autre mais chacune du côté du front. Zélie travaille dans un hôpital lillois, elle rencontre Louise de Bettignies par l’intermédiaire d’un médecin qui va devenir son mari et participe à ses côtés à un réseau de renseignements pour le compte des Anglais. Pour cela elle séduit un médecin allemand, mais dans l’ouvrage sur Louise de Bettignies, on nous fait bien entendre que les femmes membres de ce réseau ne couchaient pas pour obtenir des renseignements auprès de l’ennemi, contrairement à une Marthe Richard (d'ailleurs d'origine lorraine).
On approche les problèmes quotidiens de la vie en zone occupée avec les réquisitions de l’armée allemande et les déportations d’une partie de la population en Allemagne.
Angèle réside dans commune limitrophe de Dunkerque qui va subir régulièrement le poids des bombardements allemands et elle fera la connaissance de l’aviateur Georges Guynemer, qui meurt au combat en septembre 1917. Certains faits connus, comme celui concernant le Franc-Comtois Lucien Bersot, sont réinvestis dans le domaine fictionnel ; dans notre roman historique, on demande à Pierre devenu soldat de porter le pantalon d’un mort et celui refusant est accusé de mutinerie (page 237-238).
La collection 14/18 de Pôle Nord éditions compte maintenant sept titres, porteur d'un espace géographique couvrant la Somme, le Pas-de-Calais et le Nord, avec une dimension souvent policière ce qui n’est pas particulièrement le cas avec "Les heures sombres" qui tout en évoquant un réseau de renseignements n’est pas pour autant un roman d’espionnage. Cet ouvrage est un très bon roman historique qui sait mettre en valeur l’histoire si contrastée durant la Grande Guerre des deux grandes agglomérations que sont Lille et Dunkerque. Des pages documentaires traitent des vies de Georges Guynemer et de Louise de Bettignies.
Pour connaisseurs Aucune illustration
http://www.la-croix.com/Actualite/France/TERRITOIRES-Le-polar-regional-detrone-le-roman-de-terroir-2015-03-24-1294669