Ecrire un avis

Les défenseurs de la paix 1899-1917

Les défenseurs de la paix 1899-1917
Presses universitaires de Rennes445 pages
1 critique de lecteur

Avis de Alexandre : "Nous partîmes trois mille et par un prompt abandon nous nous vîmes cinq cents en arrivant au port"

Il s’agit d’une parte des actes d’un colloque tenu en janvier 2014 à l’Institut historique allemand ; toutefois si des communications manquent, d’autres textes ont été ajoutés. La Grande Guerre n’était pas inévitable et à la Belle Époque, tant des souverains comme François-Joseph (qui a raté le prix Nobel de la paix en 1914 du fait qu’il a déclenché un conflit) et Nicolas II prirent des initiatives en faveur de la paix. Si bien que lorsque Bertha von Suttner essaya de développer un mouvement pacifiste organisé en Russie, elle se fit répondre par un ministre russe que cela était inutile dans son pays car le tsar était lui-même pacifiste.

"Les réseaux internationaux de défense de la paix à la Belle Époque, entre rivalités et convergences" est le premier texte de la première partie, intitulée "Culture de paix". Il évoque justement l’Autrichienne Bertha von Suttner qui décède juste avant l’assassinat de François-Ferdinand à Sarajevo. Cette dernière reçut un Prix Nobel de la paix comme d’autres membres de la Ligue internationale de la paix et de la liberté. Ce texte nous rappelle des congrès internationaux de la paix eurent lieu à la Belle Époque. La particularité de la France, est pour diverses raisons, que les pacifistes sont souvent francs-maçons, protestants, socialistes ou féministes et que les catholiques sont très peu présents dans ces rangs. Il existe une conférence interparlementaire pour la paix, ce qui amène à citer un autre prix Nobel, à savoir Paul d’Estournelles de Constant sénateur républicain de la Sarthe. Bertha von Suttner est de nouveau présente dans un texte mais cette fois avec la principale compagnie d’Albert Ier de Monaco.

Toujours dans ce premier volet, on trouve divers autres articles. Emmanuel Jousse évoque, pour l’Angleterre, la Société fabienne sur la guerre et la paix. Jean-François Condette communique autour de la revue pédagogique Le Volume pour la période 1899 à 1914, elle a pour directeur le savoyard Jules Payot par ailleurs recteur de l’académie d’Aix-en-Provence à partir de 1907. Le Volume devient  L'École et la vie en 1917 et disparaîtra en 1982. Jean-Michel Guieu écrit autour de l’essor du droit international. Jakob Zollmann cite, dans un article sur l’arbitrage international, Michel Revon qui avançait qu’en 1378 le roi de France Charles V avait demandé à l’empereur Charles IV (par ailleurs roi de Bohême et comte du Luxembourg) à arbitrer son différend avec le roi d’Angleterre (page 113).  

Cette première partie propose encore "The Institut de Droit International and the Making of Law for Peace, 1899-1917", "Alfred Vanderlop (1854-1915), religious Internationalism and the Pre-History of Catholicism Pacifism, 1899-1906", "Poles – Nation without Pacifists? Phenomenon of War and the Polish Public Opinion 1899-1914", "1914 Appels et manifestations en faveur de la paix : la contribution des Alsaciens-Lorrains en 1913", "Épilogue : 1914-de la culture de la violence à la culture de guerre". Notons que ce n’est pas dans le texte "L’antipacifisme dans le débat culturel et politique autour de La Revue des Deux Mondes", mais dans celui de Jean-François Condette, que l’on parle de l’instituteur (et futur directeur d’école à Paris) Émile Bocquilon ; on peut d’ailleurs préciser personnellement qu’il était membre de l’Action française et qu’il appartenait à une classe d’âge où instituteurs et séminaristes étaient dispensés du service militaire. Quand on sait qu’une bonne partie de sa prose consistait à louer l’armée française, on sourit.   

Le second volet se nomme "Face aux défis de la guerre". On trouve là encore une douzaine de textes. On relève particulièrement un article "Pierre Brizon, le paysan du Danube" qui emprunte son titre à une réplique de ce dernier prononcée le 13 juin 1910 après que dans son discours, où il se fit le porte-parole des paysans du Bourbonnais, aient suscité des réactions (sic) sur les bans de la droite de l’hémicycle (page 329).  Il permettra à certains de découvrir un des trois députés socialistes à s’être rendu à Kienthal en 1916. C’est d’ailleurs ce dernier qui rédige le manifeste qui en découle, un texte qui appelle à mettre fin au conflit. Ceux qui connaissent déjà la biographie de ce député de l’Allier ne trouveront ici aucun élément nouveau dans celle-ci, à part la connaissance du discours en question. D’ailleurs si Pierre Brizon a bien rencontré Jaurès à Paris en mars 1902, c’était la seconde fois (et non la première) comme un article, paru dans le Bulletin de la Société historique de Parthenay paru en 2011, l’a avancé. Ce détail ne gâtant pas le texte de Thierry Bonzon qui essaie de prendre un angle original pour nous évoquer ce professeur d’école primaire supérieure qui enseignait le français et l’histoire-géographie. Ajoutons que depuis une quinzaine d’années, une association des Amis de Pierre Brizon, basée évidemment dans l’Allier, organise des activités et que des lettres envoyées à Pierre Brizon, après son retour de Kienthal, sont lues dans un spectacle (voir https://www.gregoiredetours.fr/blog/2018/11/19/tribune-libre-le-chemin-des-dames/).

Le texte "Femmes et paix : 1914-1917", s’attache aux personnalités de Marguerite Clément, Marguerite Durand, Julie Siegfried, Maude Royden, Rosika Schwimmer, Ellen Harison, Clara d’Arcis, Rosa Luxemburg, Clara Zetkin et Madeleine Vernet. Hélène Brion n’est citée que parce que Madeleine Vernet  est le témoin à décharge de l’institutrice pantinoise alors qu’au début de l’été 1917 l’inculpation de cette dernière pour défaitisme est très largement répercutée dans toute la presse de l’hexagone. Par ailleurs l’article, qu’elle écrit fin juillet 1914, est largement connu (voir un extrait significatif de celui-ci sur le blog de ce site car il est repris entièrement dans  le spectacle Le chemin…des dames).

Dans cette dernière partie, on trouve également les communications suivantes : "The campain to prevent the Great Wear : Peace Prphets and European Realities", "L’Internationale et les socialistes français, allemands et italiens face à la guerre italo-turque (1911-1912) ", "Une pacifiste au travail en pleine guerre : Marie-Louise Puech (1915-1916) ", "L'appel à l'Amérique. L'action de N. Murray-Butler et Paul d'Estournelles de Constant en faveur de la paix pendant la Grande Guerre (1914-1917) ? ", "Nous savions que notre cause avait un défenseur : Woodrow Wilson parle de la paix (1914-1917) ", "La protestation paysanne catholique contre la guerre dans la vallée du Pô 1914-1917",  "1899-1917 Bertrand Russell, un apôtre du pacifisme ?", "Européens et pacifistes dans la Grande Guerre : l’amitié Romain Rolland-Stefan Zweig", "Reconfigurations du pacifisme : la Grande Guerre, les défenseurs de la paix et l’évolution du pacifisme", "1899-1917 retrouver les défenseurs de la paix".     

Pour connaisseurs Aucune illustration

Alexandre

Note globale :

Par - 406 avis déposés - lecteur régulier

Connectez-vous pour laisser un commentaire
Vous aussi, participez en commentant vos lectures historiques facilement et gratuitement !

Livres liés

> Voir notre sélection de livres sur La Grande Guerre hors de France .

> Suggestions de lectures sur le même thème :
> Autres ouvrages dans la même catégorie :