Avis de Alexandre : "Les Lulus internés dans un camp du Hanovre"
Les Lulus, ne sont jamais arrivés en Suisse, et s’ils ont bien quitté la France occupée cela a été pour se retrouver à Berlin au milieu des années de la Première Guerre mondiale. Après avoir survécu dans la capitale du IIe Reich, en se mêlant à une bande de gamins des rues, ils ont été arrêtés et envoyés dans un de ces camps pour civils ennemis qui se trouvaient en Allemagne. Deux d’entre eux sont entrés dans l’histoire, celui de Zwickau (en Saxe) où furent enfermés en particulier des Ardennais (d’ailleurs évoqué dans la littérature de jeunesse de l’époque de la Grande Guerre) et celui de Holzminden, à soixante-dix kilomètres à vol d’oiseau au sud de Hanovre. Dans ce dernier furent internés en particulier l’historien belge Pirenne, le professeur de médecine lillois Carlier, le député socialiste du Nord Gustave Delory (maire de Lille de 1896 à 1904), Charles Droz sous-préfet de Douai… Il est d’ailleurs sorti récemment, à propos de lieu précis, un ouvrage de Jean Claude Auriol intitulé Les oubliés d’Holzminden: un camp de déportation de 1914-1918.
C’est Luigi qui raconte au journaliste, venu l’interviewer en 1936 à Amiens, la vie dans ce camp. Ceci est d’ailleurs l’occasion pour le lecteur de découvrir ou redécouvrir les hortillonnages de cette préfecture de la Somme. Il fallait une belle fiction comme celle-ci pour faire connaître aux jeunes que la Grande Guerre ce ne fut pas seulement des combattants mais que des civils souffrirent également de celle-ci. Le nombre d’étrangers internés au début du conflit fut assez réduit en Allemagne mais le flux de civils fut alimenté en particulier par des otages pris régulièrement dans le nord de la France et en Belgique. Si un adulte s'intéresse à l'internement des étrangers en France, il lira en particulier les ouvrages de Jean-Louis Spieser.
Le contenu de ce récit plaira aux enfants de 9/12 ans car non seulement il est plein de rebondissements mais en plus il fait appel également à un imaginaire où la montgolfière a une bonne place (on assiste d’ailleurs à la confection puis à l’envol de l’une d’entre elle). La série en est à six tomes, elle va se prolonger au moins d’encore un volume avec un récit propre à la vie de Lucien durant l’année 1918, ce sera le prétexte pour sensibiliser au problème des mutilés qui revinrent du conflit. Leur nombre semble estimé à un million et il n’est pas comptabiliser ceux qui souffrirent de troubles psychiques.
Accessible jeunesse Beaucoup d'illustrations