Avis de Alexandre : "Une BD orageuse qui nous emmène au-dessus des nuages"
Sur du papier d’allure photographique pour les pages de combat aérien, et pour les autres avec un dessin inspiré à la fois de la peinture historique du type de Goya et d’un auteur de BD de la Belle Époque Winsor Mc Cay. On peut d’ailleurs voir une exposition qui est consacrée à ce dessinateur américain au Cartoon Museum de Bâle (de juin à octobre 2012). Des scènes de la vie quotidienne avec de nombreuses bulles, s’opposent à des planches de vignettes très majoritairement muettes pour des scènes de combat dans les airs ou au sol.
Cette nouvelle série Baron rouge nous fait donc quitter l’univers marin pour le monde d’Éole. Elle présente Manfred Von Richthofen, l’as le plus célèbre de l’aviation allemande pendant la première guerre mondiale. La couverture de Baron rouge, 1 Le bal des mitrailleuses présente un bombardier allemand l’AEG G 4 mis en service en 1916, le poursuivant semble être un Farman. Le biplan de Manfred Von Richthofen apparaissant dans les premières pages de cet album est de couleur rouge, toutefois seul le célèbre triplan Fokker avait naturellement cette couleur.
Ce premier tome aborde les années d’études du héros et ses tous premiers combats aériens en Belgique. Le scénariste veut nous faire percevoir une personnalité originale dotée des capacités extraordinaires pour présentir les actions immédiatement agressives des gens qui lui font face.
Le récit prend des libertés avec ce que l’on croit savoir du Baron rouge, toutefois en gommant tout l’aspect légendaire d’un esprit chevaleresque de celui-ci, il pourrait bien approcher la réalité historique. Dans la mesure où les victoires aériennes sont souvent liées comme son décès au front occidental, certains lecteurs suivront avec attention le développement des aventures de Manfred Von Richthofen vraisemblablement au-dessus des Flandres, de la Picardie et de Verdun.
Il est à noter qu’un album de BD de l’Américain George Pratt avait déjà été consacré au personnage qui nous intéresse, il s’agit du Baron rouge : Frères ennemis nommé aux Eisner et Harvey Awards, cet album a remporté le Prix France Info du meilleur album étranger (1992) et le prix Speakeasy au Royaume-Uni. Il a connu une nouvelle traduction en 2010 sous le titre de Baron Rouge : Par-delà les lignes. Dans Les Celtiques Hugo Pratt proposait un court récit évoquant l’épisode sa mort. Dès 1978 Le Baron rouge avait fait l’objet d’un album scénarisé par Bob Kanigher et illustré par Joe Kubert, il reprenait des aventures publiées aux USA des environs de 1965 à 1970.