Avis de Alexandre : "Entre bourrage de crâne et censure, quel espace d’information authentique?"
L’ouvrage, de très grand format, présente plus de cent premières pages de journaux datées entre le 12 juillet 1914 (rapportant l’attentat de Sarajevo) au 29 juin 1919 (signature du Traité de Versailles). S’ajoutent quelques pages autour de certaines publicités, dont une autour des conserves Amieux qui avaient des usines en Bretagne, Vendée, Dordogne et Paris. Rappelons que les Français s’habituent aux conserves en raison de la Grande Guerre qui voit les aliments donnés aux poilus souvent sous cette forme.
On a une double-page autour d’Albert Londres comme reporter de guerre pour Le Matin avec un article sur le bombardement de Reims fin septembre 1914. On apprend que c’est dans le saillant de Saint-Mihiel que Joseph (ou Jacques) Péricard aurait lancé son "Debout les morts", ceci est illustré par Les Annales du 16 mai 1917. Sont évoqués notamment le journal satirique La Baïonnette, la naissance du Canard enchaîné et le journal de propagande allemand pour les territoires occupés à savoir La gazette des Ardennes. Si le travail féminin dans divers métiers est présenté, grâce à L’Excelsior du 24 juin 1917, rien n’est dit sur les drames conjugaux dus à l’infidélité des femmes. Une petite place est faite à la presse pour enfants avec Mon journal, alors que l’on aurait attendu plutôt un titre du groupe Offenstadt.
Le principe est de donner sur la page de gauche le document d’époque et en face son commentaire en reprécisant le nom du journal et sa date, à quoi on ajoute un titre évocateur. Pour l’historien le commentaire autour de la signature du Traité de Versailles est maladroit dans la mesure où il laisse croire que le contenu de ce traité ne pouvait déboucher que sur un second conflit, or c’est la crise économique, commencée en 1929, qui amène Hitler au pouvoir.
On apprécie la variété des journaux ; en effet à côté de titres parisiens, on trouve des périodiques régionaux de divers départements comme la Vendée, le Puy-de-Dôme, la Haute-Marne, la Seine-Maritime… Ce dernier département, où siège le gouvernement belge, accueille aussi une visite de la reine d’Angleterre en juillet 1917. Le choix s’est fait sur La Loire républicaine (journal édité à Saint-Étienne) pour annoncer l’Armistice.
Les procès d’espionnage trouvent leur place, dans le Matin du 16 octobre 1917, avec la condamnation de Mata-Hari et on peut trouver également mention dans la une du Matin du 3 mars 1918, consacré en priorité au traité de Brest-Litovsk , un article autour de la photo de Henry Jay antiquaire à Dijon où il était né en 1877, affaire à laquelle est d’ailleurs mêlée l’actrice Suzy Depsy. Le cas des obusés, traumatisés par les bombardements d’artillerie et la violence de guerre, est évoqué.
On apprécie également la présentation du numéro du 5 janvier 1917 de l'organe pacifiste La Vague avec en photo Trotski et en face, pour comparaison, l’image nettement biaisée de son portrait donné dans la presse populaire. Sur cette page 215 de commentaire apparaissent les photos des deux fondateurs de La Vague ; ce sont le député Pierre Brizon (un des pèlerins de Kienthal) et la féministe Marcelle Capy, ils furent d’ailleurs très brièvement mariés l’un à l’autre. Par contre rien sur le procès très médiatisé d’Hélène Brion, institutrice à Pantin. On relève un développement autour de l'expédition des Dardanelles et par ailleurs le rappel du massacre des Arméniens ; tout cela permet de rappeler que la Turquie est alors l'allié de l'Allemagne et de l'Autriche-Hongrie.
Clemenceau apparaît en photographie à plusieurs occasions, on apprend d’autre part que c’est lui qui, devenu Président du conseil, arrêta la parution du Bulletin des armées de la République dont le premier numéro datait du 15 août 1914. Distribué gracieusement aux poilus pour soutenir leur moral, ce périodique présentait une grande variété de textes relevant de registres différents.
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Conférence. Mercredi 14 novembre 2018 à 19h à la médiathèque Françoise Sagan à Paris.