Avis de Alexandre : "El Hadj Guillaume c’est un salaud (page 197)"
L’auteur évoque les poilus juifs de la ville d’Oran et de communes secondaires environnantes comme Aïn Témouchent et plus lointaine comme Colomb-Béchar. Dans son introduction, il rappelle que Guillaume Apollinaire entretint une correspondance avec une Oranaise de circonstances, et non de naissance comme il l’avance. En effet, Madeleine Pagès est née à La Roche-sur-Yon, son père (d’origine catalane) y était alors professeur de philosophie, si elle vient en Algérie, c’est que son père est nommé inspecteur d’académie là-bas. D’ailleurs Apollinaire traverse la Méditerranée et passe les fêtes de fin d’année 1915 à Oran dans la famille de Madeleine qui est alors orpheline de père. Madeleine n’a jamais été professeure de lettres, en Algérie elle est alors surveillante dans un lycée; ensuite elle devient institutrice en lycée (à l’époque des classes élémentaires existaient dans les lycées). Au début des années 1920, elle rentre en métropole où elle cette même dernière responsabilité professionnelle.
Norbert Bel Ange donne une chronologie de la ville d’Oran depuis sa prise par les Omeyades d’Espagne en 932 jusqu’à 1936 où la ville a 300 000 habitants. Toutefois en 1914, elle en a deux fois moins et les juifs y représentent environ 10% de la population. La ville nous est présentée à cette époque, en s’arrêtant particulièrement sur le quartier juif.
L’auteur fait une plus ou moins rapide présentation des soldats israélites mobilisés pour la Grande Guerre. Il cite des passages des lettres à ses enfants du grand-père de l’écrivain André Chouraqui, né le 11 août 1917 à Aïn Témouchent. Notons le décès de Mimoun Kalfon, venu en permission de détente, sur le bateau La Medjerda, coulé au large du cap Palos (et non à sa sortie du port d’Oran) donc le 11 et pas le 10 mai 1917 par un sous-marin allemand (page 78). Il est l’une des 357 (et non des 600) victimes. Il y eut évidemment des hommes de cette communauté prisonniers en Allemagne comme Hadida Mimoun (page 74).
L’auteur profite de ce fait pour signaler l’arrivée à Oran des prisonniers allemands en provenance du Maroc ; il laisse entendre que c’était des espions, ce que je doute beaucoup. Les espions, et en particulier les étrangers, c’est douze balles dans la peau et pour les demi-espions la moitié des balles suffisent comme disait Clemenceau. Une chose est sûre, c’est que l’Allemagne a monté, à partir du Rif, un réseau au Maroc, pas totalement pacifié, pour susciter des déserteurs dans la Légion étrangère.
Parmi les plus gradés, un officier d’active le capitaine Léon Félix Lévy qui avait servi à Madagascar et au Tonkin. Il meurt près d’Ypres le 30 avril 1915. La bataille des Dardanelles, déjà évoquée dans le premier tome, revient avec le parcours durant la guerre du zouave Jules Elkaïm, père de la comédienne puis journaliste Renée Elkaïm-Bollinger, ancienne productrice de l'excellente émission De bouche à oreille (pages 196-197). La vie de ce poilu est racontée dans Un zouave sur le front, paru aux Editions de Paris avec une préface de Pascal Ory.
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