Rosa Luxemburg: L’étincelle incendiaire

Rosa Luxemburg est morte voici cent ans. Son décès remonte au 15 janvier 1919 ; on sait qu'elle a été assassinée. Elle était née le 5 mars 1871 à Zamość, alors dans l'Empire russe mais aujourd’hui en Pologne, pas très loin de la frontière avec l’Ukraine. Cette ville compta jusqu’à 49% de juifs, ceci au recensement de 1921. Les parents de Rosa sont israélites et le père est marchand de bois.

Après des études au lycée, elle milite dans un groupe socialiste clandestin.  Pour pouvoir rester en Allemagne, Rosa Luxemburg a acquis la nationalité de ce pays en épousant  Gustav Lübeck, le fils de Karl Lübeck qui était, au moment du mariage de complaisance, un des militants les plus anciens de la social-démocratie allemande. Elle avait connu ce dernier lorsque tous deux étaient en exil à Zürich, durant l’année 1889.

Michel Löwy livre là non une biographie mais une étude de la pensée de Rosa Luxemburg. On apprend qu’on lui doit la formule "socialisme ou barbarie" qui se trouve dans La brochure de Junius écrite en 1915 (page 20). Elle fut une des rares socialistes de la Belle Époque à dénoncer fermement la colonisation. Elle croit tant au besoin de la propagande révolutionnaire qu’à l’expérience que tire la classe ouvrière des luttes qu’elle mène (page 63).

L’auteur évoque les historiens Goeges Haupt et Lucien Goldman, deux juifs d’origine roumaine qui ont développé des idées contenues dans la pensée de Rosa Luxemburg. Plus précocement dans la chronologie, Lukács avait analysé certaines thèses de notre révolutionnaire. D’après  Michel Löwy, c’est dans son exil que Trotski comprit la justesse de la pensée de Rosa Luxemburg. Cela alla-t-il chez lui jusqu’à remettre en cause certaines décisions qu’il prit durant les suites de la Révolution d’octobre 1917 ?  Un texte inédit en français, daté de 1903, de Rosa Luxemburg,  autour de la pensée de Karl Marx, est offert en fin d’ouvrage.