Avis de Octave : "Une fois la Belgique …"
La Belgique est donc occupée à environ 90 % et cela a pour conséquence que le gouvernement belge s’installe à Sainte-Adresse, station balnéaire limitrophe du Havre. D’après ce qu’on croit comprendre (page 127) la cité n’est pas cédée à bail au gouvernement belge pour la durée des hostilités, afin de ne pas faire de celui-ci un gouvernement en exil comme on le voit écrit à ce jour sur wikipédia. Ce sont trois mille Normands qui seraient alors devenus sujets belges durant quatre ans. Il est donc bon de démentir clairement à cette occasion cette légende hexagonale que le Français Michaël Bourlet semble ignorer. On retrouve là vraisemblablement une confusion entre le gouvernement français qui signe des baux de location de bâtiments mis à disposition de l’état belge et la notion de territoire cédé à bail comme l’a pu être une partie de Hong-Kong. On atteint là les limites de wikipédia et on trouve d’ailleurs d’autres confusions dans d’autres articles où un mot est pris dans un sens qu’il n’a pas.
L’occupation en Belgique est beaucoup plus dure au point de vue matériel (nourriture, chauffage, tissus pour habillement …) lors de la Première guerre mondiale que pendant la Seconde. Il faut dire que la France est la vache à lait au service de l’Allemagne entre 1940 et 1944. Ceux qui avaient vécu cette période, avaient conservé l’idée juste qu’une relative protection face aux exigences allemandes étaient offertes par les institutions communales restées en place (sauf dans la zone des armées). Du point de vue social ce sont 120 000 déportés, la moitié en Allemagne et l’autre à l’intérieur de la Belgique. Ce que l’actualité du XXIe siècle porte à se rappeler c’est la politique flamingante du Gouvernement général, symboliquement marqué au point de vue culturel par la flamandisation de l’université de Gand en mars 1916, action concomitante de la déportation en Allemagne de son plus célèbre professeur de l’époque à savoir l’historien Henri Pirenne.
Un point totalement passé sous silence aujourd’hui est le fait qu’au sortir de la guerre, les dirigeants politiques belges pensent que les souffrances du pays ne doivent pas seulement être remboursées par de l’argent allemand. Ils ont le projet de dépecer les Pays-Bas de la Flandre zélandaise et du Limbourg hollandais ainsi que d’annexer le Luxembourg, en plus des anciens territoires des Pays-Bas autrichiens devenus prussiens en 1815. L’argument était de renforcer la Belgique pour éviter tout expansionnisme futur de l’Allemagne ou de la France. La difficulté était évidemment que dépouiller un État neutre (les Pays-Bas) était contraire à tout principe. Ceci dit un état allié le Monténégro fut absorbée par la Serbie et un État neutre reçut des territoires (le Danemark). De la Grande Guerre, la Belgique ne sortit agrandie que des cantons de l’est et du protectorat en Afrique sur le Rwanda et le Burundi.
Outre une chronologie, l’ouvrage propose deux cartes (l’attaque le la Belgique en 1914 et le front de juillet à novembre 1918), ce qui permet de voir clairement que le jour de l’armistice Gand, Grammont Mons et Chimay viennent d’être libérées. Les index des personnes et des lieux sont trop utiles et si rares dans d’autres livres, que l’on doit se féliciter de leur présence dans « La Belgique et la Grande Guerre ».
Bref nous avons là un ouvrage de très bon niveau qui permet d’appréhender tout ce que l’on se doit connaître pour comprendre non seulement le pays entre 1914 et 1918 mais les problèmes actuels de la Belgique.
http://www.lavenir.net/cnt/DMF20151222_00754663
http://www.thegoodlifefrance.com/christmas-day-and-the-christmas-truce-statue/
https://fr.rbth.com/lifestyle/81472-belgique-plaque-memoire-soldats-russes-premiere-guerre-mondiale
https://www.vedia.be/www/video/info/tourisme/les-bornes-frontieres-belgo-prussiennes-retrouvent-une-deuxieme-vie_99774_89.html