Avis de Octave : "Industriels de guerre de tout pays unissez-vous pour l’innovation et l’augmentation des profits"
Il s’agit d’une suite de contributions regroupées en quatre parties : La Guerre (plutôt la façon dont les militaires, les industriels de l’armement et les médias imaginaient les prochains conflits), Les puissances étrangères (leur armement au début du conflit et leur usage des transports), La mobilisation industrielle et scientifique, L’évolution de l’armement, Les suites du conflit.
Il est rappelé que c’est la Guerre de Sécession qui est considérée comme la première guerre moderne. On a aussi l’évocation de la Guerre russo-japonaise. Un dessin de presse anglais en couleurs, reproduit sur une double-page, montre quasiment toutes les nations européennes se rendant au Congrès de la paix de 1905, destiné à mettre fin au conflit entre le tzar et le mikado ; tous les participants cachent, dans leur dos des armes, diverses et pas mal d’entre eux ont des mines patibulaires. Dans les médias allemands, comme les français, les images du début du conflit montrent des combats à la baïonnette alors que l’artillerie joue déjà un très grand rôle.
Une focalisation est faite sur les origines, le développement et la production des usines Krupp en évoquant l’authentique Grosse Bertha (qui sert pour le siège de Liège) et le canon de Paris (Paris-Geschütz) qui lui fut assimilé faussement. Les autorités militaires et gouvernementales ont outre-rhin, beaucoup de difficultés à faire passer l’intérêt national devant la course effrénée à l’enrichissement des actionnaires des industries de guerre. Le plus modeste équivalent russe de Krupp, les usines Poutilov implantées dans la capitale russe de l’époque, sont aussi évoquées. Le constructeur aéronautique du pays des tsars trouve une place, il s’agit de Sikorski.
L’évolution de l’aviation et l’apparition des chars de combat sont des points qui trouvent place ici. De nombreuses pages sont consacrées à la marine anglaise qui joua un grand rôle dans l’affaiblissement du moral des Allemands du fait du blocus qu’elle imposa. Les Belges avaient la particularité d’utiliser largement la traction canine au début du conflit. Un texte assez long, accompagné d’illustrations, expose ce qu’était l’industrie de l’armement en Italie. C’est l’occasion de voir que le lance-flammes est déjà en usage lors de la Première Guerre mondiale. N’est pas oubliée l’industrie de guerre austro-hongroise avec en particulier des informations sur les types de canons qu’elle produit. Les usines tchèques Skoda sont une manufacture d’armes depuis déjà 1859.
Voilà un aperçu de ce qui est développé dans le gros premier tiers de l’ouvrage, le reste est à découvrir par soi-même. On verra par la suite, entre autre, des focalisations d’une page entière ou presque sur Albert Thomas et Louis Loucheur, l’emploi dans les usines d’armement de jeunes hommes voire de garçons de douze ans (photo prise à Levallois-Perret en 1916, reproduite page 153) et des femmes avec un article dans l’article "L’ouvrière est aussi un soldat" de le numéro du 9 juin 1917 de la revue J’ai vu où la Corrézienne Marcelle Tinayre (cofondatrice du Prix de la Vie heureuse qui deviendra le Femina) écrivant « Chaque ouvrière, en libérant un ouvrier, nous rend un combattant » (page 142).
On apprécie l’importance de l’illustration, faite de clichés ou d’images toujours de bonne taille, de tableaux informatifs didactiques, et d’un texte d’un niveau pertinent de vulgarisation. Pour l’après-guerre, on relève une très grande crainte d’un usage massif des gaz mortels (preuve du choc qu’entraîna leur usage durant le conflit) et on sait qu’en 1939, pour la France, il en fut distribué à quasiment toute la population.
Pour connaisseurs Beaucoup d'illustrations
