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Les poilus parlent aux Boches

Les poilus parlent aux Boches
La Boîte à Pandore230 pages
1 critique de lecteur

Avis de Adam Craponne : "Et les boches parlent-ils aux Schleus ?"

Rappelons que les Schleus désignaient à l'origine une population berbère du Maroc contre laquelle les Français durent à se battre pour assurer la conquête du pays un peu avant la Première Guerre mondiale. Elzbieta dans "Le langage des contes" fait de nombreuses allusions au langage I-maana des berbères chleuhs (ou schleus) du Haut Atlas :

« Quoique employant, comme le font nos contes, les mots de la langue courante, I-maana ne formule pas directement son propos, mais il l’induit. À la finesse l‘oreille du récepteur incombe la charge de décoder le message qui lui parvient sous cette forme » (pages 41-42)

Mathieu Fantin commence par donner les divers documents tirés d'archives publiques ou privées et de livres de souvenirs ou journaux de tranchées par exemple qui lui ont permis d'évaluer l'importance jusqu'alors fort sous-estimée des fraternisations entre soldats français et allemands, alors que ce même type de phénomène était bien connu pour les Tommy et les feldgraus. D'ailleurs l'illustration de couverture du livre montre Anglais et Allemands ensemble, faute d'avoir pu trouver le moindre document photographique équivalent pour Français et Germains.

L'auteur explique très bien que c'est l'usage des tranchées qui facilite cet échange entre soldats de deux camps ennemis. Il évoque aussi comment selon lui chez nombre de combattants ou va de la haine mutuelle à la compassion réciproque. Le dessinateur Tardi approche, selon nous, cela en délivrant le message un peu caricatural dans ces BD que pour le poilu, le soldat allemand est un compagnon d'infortune et son officier et les gendarmes sont ses "ennemis héréditaires". Mathieu Fantin poursuit d'ailleurs sa réflexion en s'interrogeant sur les réactions du haut commandement face à ce manque de combativité sur la longue durée.

L'ouvrage propose autant de pages d'études que de témoignages de solidarité, entre poilus et soldats du Reich, situés dans la deuxième moitié du livre. Sont repris là des extraits de textes de Barbusse, Barthas, Marc Bloch, Jean Giono, André Marie et de personnes peu ou pas connues . On apprécie des témoignages d'Allemands comme Ernest Jünger , Erich-Maria Remarque ou par exemple Johannes Niemann lieutant dans un régiment saxon. On apprécie beaucoup que quelques lignes de présentation sur le personnage soient presque toujours là pour préciser l'origine géographique et le métier dans le civil du témoin, même si on regrette que cela ne soit pas systématique comme pour René Naegelen (socialiste belfortain, directeur du "Populaire", à qui le négationniste Paul Rassinier doit d'avoir été temporairement député).

Quelques fois l'exemple est un peu tiré par les cheveux comme page 149 le fait que l'officier Bernard de Ligonnès (de la famille du disparu Xavier Dupont de Ligonnès) communique avec les Allemands afin de leur faire savoir de manière provocatrice que l'Italie est entrée en guerre aux côtés des Alliés.

Il y a une quinzaine de documents iconographiques, essentiellement des dessins de poilus et des photographies d'origine diverse.

Pour tous publics Quelques illustrations Plan thématique

Adam Craponne

Note globale :

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