Avis de Octave : "Sol labouré par l’artillerie, sol fleuri"
Marceau Doussot, fils d’un poilu, est né autour de 1920 ; durant son enfance, il a baigné dans une société qui entretenait le culte des morts, où il voyait les traces matérielles conservées des disparus et écoutait les conversations d’anciens combattants. Dans les années des Trente Glorieuses, il a recueilli les souvenirs des soldats de la Grande Guerre du canton d’Essoyes dans l’Aube et il a terminé en 1990 un ouvrage qui n’avait jamais été édité jusqu’à ce que les éditions Coëtquen ne le fassent en 2013.
Une soixantaine de nouvelles sont présentées en deux à huit pages, quasiment toutes centrées sur une anecdote significative. Au détour, on apprend des informations tant sur les conditions qui furent celles de la mobilisation, que du vécu sur le front, que des conséquences individuelles et familiales du conflit dans l’entre-deux-guerres. On notera qu’une nouvelle de trois pages basées sur un récit du père de l’auteur évoque Reims le 11 novembre 1918, nous avons d’ailleurs présenté un ouvrage, entièrement consacré au destin de la ville du sacre durant la Grande Guerre, paru à la Nuée Bleue.
Une histoire montre à la fois l’efficacité des services de renseignements allemands et le souci de ne pas faire de Georges Clemenceau un martyr. En effet, le jour d’une visite sur le front de Clemenceau, non seulement l’artillerie allemande fut étrangement au repos, mais aucun tir ne provint des tranchées germaniques. Cela se sut parmi la troupe et les visites du Président du conseil n’en furent que plus souhaitées. On peut prendre chaque récit dans l’ordre que l’on désire, en allant à la table des matières et se laissant guider par l’imaginaire à quoi renvoie le titre. Ce livre gagnerait à figurer dans nombre de centres de documentation de lycée, et prioritairement dans ceux de la région Champagne-Ardennes.