Avis de Octave : "À côté de l’église saint Maclou, l’entreprise éponyme de tapis"
Il s’agit de suivre la vie d’Émile, un natif de Wattrelos (limitrophe de la Belgique, de Roubaix et de Tourcoing), ce dernier tient deux écrits de type différent : un cahier de tranchées de décembre 1914 (dans le secteur de Vermelles, entre Arras et Lille) jusqu’à fin septembre 1915 à Marœuil (très légèrement au nord-ouest d’Arras) et un cahier où notre poilu raconte sa vie civile afin que ses filles connaissent un père que l’une n’aura quasiment jamais vu.
Lorsque le récit commence, le narrateur a trente-trois ans et demie (soit à peu près l’âge du Christ à sa mort) et il prend fin par une page, qui permet un saut de trois ans, au lendemain de l’Armistice. La famille et les amis de notre poilu assistent aux funérailles d’Émile dans l’église Saint-Maclou de Wattrelos.
Cet ouvrage nous permet d’aborder tant la vie dans les tranchées que la vie aux environs de Roubaix à la Belle Époque. En effet ce n’est pas seulement sa propre vie que le narrateur raconte mais il donne de belles touches impressionnistes sur celle de sa femme, de ses parents et beaux-parents. Il est à noter que l’on sort ici des clichés sur le monde ouvrier du Nord-Pas-de-Calais, vu à travers la mine, puisque la mère d’Émile est issue de la paysannerie et que son père est tisserand (comme Émile). Il est à noter que l’épouse du narrateur est donnée comme évacuée, avec ses deux filles, à Châteauroux dans l’Indre ce qui permet en particulier de rappeler que parfois mal accueillis ces réfugiés étaient surnommés, par les populations de l’intérieur, comme "les boches du Nord" (page 16).
Lou Desmalines a fait un gros travail autour de la presse locale et en particulier tous les exemplaires du "Journal de Roubaix" de 1881 à 1915. Ce quotidien, de sensibilité catholique, fut créé en 1856 par Jean Baptiste Henri Joseph Reboux et cessa de paraître à la Libération. Le narrateur ne fait pas allusion seulement à l’histoire locale, mais place dans sa vie des éléments en rapport avec des faits d’importance nationale sociopolitique ou technique (vote de lois sociales, et Affaire Dreyfus en particulier sans un cas, comme apparition du bêton armé dans l’autre). Contrairement à la plupart des autres ouvrages de cette collection, il n’y a pas dans cet ouvrage une dimension d’ordre énigmatique dans le genre des romans policiers.
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