Avis de Xirong : "De la boue de Verdun en 1916 à l’année du procès Landru en 1921 : une amertume qui prend du volume"
En fait ici le récit court du ler mars 1916 où le capitaine discute avec Pétain au mariage en avril 1921 entre notre héros et Yvonne Vendroux. Les jeunes générations ne reconnaîtront pas obligatoirement ce dernier, il aurait été bon de donner son nom. Dans cette BD didactique, on ne peut pas dire d’ailleurs que l’on surcharge le lecteur en information. Ainsi on ne situe pas les lieux où il séjourne, pas la moindre mention de Mayence pour la page quasiment entièrement consacrée à son hospitalisation après qu’il ait été fait prisonnier à Verdun, pas de mention des régions où il est emprisonné (en grande partie en Bavière et Wurtemberg) et la seule fois où c’est fait cela est faux. Szczuczyn n’est pas située dans une Lituanie d’après 1918 mais dans une Pologne de l’Entre-deux-guerres et une Biélorussie d’après 1945, c’est d’ailleurs au moment où de Gaulle y réside un village très majoritairement juif. On ne sait pas quand il part et revient de Pologne, le séjour globalement dure quand même d’avril 1919 à janvier 1921 et la mention de ces dates aurait permis de comprendre que l’on se bat là-bas jusqu’à la fin 1920, de plus on aimerait savoir qui de Rydz-Smigly ou de Piłsudski le décore.
Pour les aventures de Charles de Gaulle, alors lieutenant, au début du conflit sur le pont de Dinant en Belgique, on se reportera à l’album "Il était une fois 1914" de Didier Courtois. Par ailleurs pour connaître l’ensemble du vécu de ce dernier durant la guerre, on lira le livre "La première guerre de Charles de Gaulle : 1914-1918" (chroniqué ici), d’ailleurs l’ouvrage en question ne se contente pas du factuel mais essaie d’évaluer ce que cette expérience eut pour conséquence sur le caractère du futur général.
Le discours est chronologique dans "Charles de Gaulle 1916-1921", il est rythmé par les cinq tentatives d’évasion très bien scénarisées pour prendre une tonalité captivante. Des pointes d’humour apparaissent, pour qui connaît l’action du général de Gaulle dans la réconciliation franco-allemande dans les années 1960.
Il faut remercier le scénariste d’être allé au-delà de la fin 1918, ceci pour trois raisons au moins. La première est d’offrir une page entière sur l’école militaire de Saint-Maixent dans les Deux-Sèvres (aujourd’hui pour partie elle abrite le musée du Sous-officier), ensuite parce que même maladroitement le récit montre à travers un cas précis que plusieurs conflits continuent d’agiter l’Europe entre 1919 et 1925 (à Fiume et Constantinople par exemple) et enfin parce que l'histoire permet de faire connaître Tante Yvonne (l’épouse du général). Les pages documentaires présentent des documents iconographiques intéressants et tentent très brièvement de donner des pistes sur l’évolution de la personnalité de Charles de Gaulle durant ces années.
Si le choix a été fait pour des visages ayant des traits un peu caricaturaux, il y a eu par contre un gros effort de reconstitution des lieux surtout les extérieurs, les couleurs portent bien la mélancolie qui agite le héros face à la frustration de ne pas combattre et d’imaginer que l’on ne dira pas de lui qu"il a fait une belle guerre" (il restera d’ailleurs plus de douze ans capitaine).
Pour tous publics Beaucoup d'illustrations
Conférence 4 octobre 2019 Mémorial de Verdun