Avis de Adam Craponne : "Partis en guerre les mains dans les boches ?"
En fait cet ouvrage se donne comme objectifs de dresser un tableau d’ensemble de l’armée française en 1914, évoquer le cas des réfugiés français et étrangers dans la partie non occupée de l’hexagone, réhabiliter les fusillés pour l’exemple, rappeler l’usage fait des troupes venues des colonies, présenter trois figures phares du commandement français. Il s’agit de Joffre (fort longuement), de Nivelle et de Pétain. Il est évident que manque ici Foch.
Le regard est critique dans tous les sujets abordés, mais en cas de lecture rapide on risque d’arriver à des simplifications abusives. Ainsi peut-on croire que si l’armée française est si mal commandée c’est parce que depuis une dizaine d’années, ce sont les francs-maçons qui en sont responsables car ils ont fait monter des anticléricaux chez les officiers supérieurs. Au point de vue des connaissances, le contenu est irréprochable ; le discours est régulièrement illustré par des extraits de textes de témoins. On perçoit très bien qu’avec le départ de Joffre, signifié par Aristide Briand, s’ouvre une seconde phase où cette fois le pouvoir civil exerce un certain contrôle sur l’état-major français. L’auteur n’hésite pas à fournir des chiffres fort intéressants, toutefois le plaisir aurait été complet si les 350 000 soldats serbes morts au combat avaient été ramené en pourcentage de la population active, comme pour les autres pays qu’il cite. Cela aurait permis de voir que ce n’est pas la France avec 10,5% qui a le taux le plus élevé mais la Serbie.
Pour des lecteurs qui ne lisent pas d’ouvrages spécialisés comme "Les boches du nord" de Philippe Nivet, il est bon d’approcher certaines réalités: « En 1917, un journal "L’Ardennais de Paris et de la banlieue" estime que les réfugiés sont considérés comme de la graine d’espions par l’autorité militaire, des suspects par l’autorité civile et de la vermine par l’autorité municipale » (page 260) Au déséquilibre décrit entre la production et la demande de munitions en France (contrairement à l’Allemagne pour le début de la guerre), on aurait pu ajouter qu’il eût pour conséquence l’interdiction de la chasse dans l’hexagone durant le conflit.
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