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Se souvenir… Les Argentonnais dans la Grande Guerre

Se souvenir… Les Argentonnais dans la Grande Guerre
La Geste 157 pages
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Avis de Octave : "Tous contre le boche dans l’adhésion et la division"

L’ancien canton d’Argenton-Château (depuis 2006 Argenton-les-Vallées) comprenait vingt-et-une communes au nord du département des Deux-Sèvres et était limitrophe du Maine-et-Loire. Si la majorité des communes votaient pour des candidats catholiques à la députation sous la Belle Époque par contre la commune d’Argenton-Château était radicale et ceci lui valut d’être dotée, pour remplir la hotte de son maire et de son député (à la création de l'EPS en question), par le gouvernement républicain d’une École primaire supérieure de filles (avec un internat et trois classes préparant au brevet élémentaire), dont la directrice est d’ailleurs Mlle Rollet depuis 1913. Par contre Argenton-Château ne dispose pour les garçons que d’une seule classe, appelée  cours complémentaire, préparant au brevet élémentaire.

Ceci constituant un apport personnel pour mieux comprendre qu’en ne présentant à partir de janvier 1915 que des coupures du Courrier de Bressuire, on n’ait que le point de vue de journalistes encore très proches des idées royalistes. Or il faut bien savoir que la IIIe République ne donne pas vraiment la possibilité de poursuivre les écrits diffamatoires ; il faut donc vérifier systématiquement toute mise en cause d’une personnalité laïque par un journal catholique et l’inverse. Ceci est fait heureusement une fois dans cet ouvrage (page 80) à propos du maire radical, pour des faits antérieurs de quatre ans, et au sujet d’un réfugié belge ayant quitté la commune vraisemblablement depuis longtemps.

Si pour la démission en mai 1918 de Pierre Alix (instituteur retraité) maire d’Argenton-Château (page 76), on arrive à comprendre à peu près les faits rapportés dans une presse hostile, il est par contre dommage  que l'on n’ait plus dès le 1er janvier 1915 le contenu du grand quotidien laïc de la partie centrale et orientale du nord du département à savoir Le Bocage et la plaine. Par ailleurs, il y a à l’époque dans la presse de province très peu de dessins d’actualité et quand à la fin de l’année 1914, ce dernier journal en propose un en rapport avec la mobilisation des enfants des écoles (certes de tout le département) dans l’effort de guerre, ne pas le présenter est fort regrettable.  

En 1912 ont lieu du 11 au 17 septembre les Grandes manœuvres  de l’Ouest autour de Montreuil-Bellay (en Maine-et-Loire), de Loudun et Châtellerault  (dans la Vienne), au nord des Deux-Sèvres et à l’ouest de l’Indre-et-Loire; ajoutons personnellement qu’un témoin nous avait raconté y avoir vu une délégation de l’armée russe.  La grande-duchesse de Mecklembourg-Schwerin, belle-mère du Kronprinz, était également présente aux côtés de quelques officiers supérieurs allemands. L’ouvrage ouvre quasiment, avec en particulier une vue de cavaliers à Cersay et d’un dirigeable à Voultegon, sur ces exercices militaires qui mobilisèrent plus de 100 000 hommes.  

En juillet 1914 le canton élit son député conservateur, le colonel Louis Savoye de Puineuf, dans une législative partielle qui fait suite au décès du député sortant catholique Henry Taudière. D'autre part lors de la cavalcade du 12 juillet (défilé de chars de carnaval) on peut admirer entre autre le char de la Triple entente et celui de l’Alsace-Lorraine (pages 12 et 19).

Certains aspects de la vie de l’arrière sont approchés comme les réquisitions de tous les chevaux,  le séjour des blessés à l’hôpital, l’accueil des réfugiés belges ou des départements envahis, l’aide financière aux familles de mobilisés, le rationnement et en particulier celui du pain (page 73). Bien entendu les soldats mobilisés du canton sont évoqués et souvent par l’annonce de leur décès, de leur citation pour une action au combat ou en reproduisant un de leur courrier.  

La seconde moitié de l’ouvrage est consacrée à évaluer les pertes de population dues au conflit et à la mémoire de la Grande Guerre dans le canton en particulier évidemment par les monuments aux morts. On a des renseignements sur tous les inscrits au monument aux morts de chaque commune et des articles sur l’inauguration de certains d’entre eux entre 1921 et 1926. Des morts sur le front d’Orient se trouvent et on notera de plus que Louis Simonet du IIIe Régiment d’Infanterie Coloniale, né à Massais et sur le monument aux morts de La Chapelle-Gaudin, compte parmi les 912 morts du Provence II torpillé le 26 février 1916 au large du cap Matapan (en Grèce) par le sous-marin allemand U 35. Ce navire, parti de Toulon, était à destination de Salonique ; il y eut un peu plus de 800 survivants. L'ouvrage 14-18, les fusillés de Frédéric Mathieu ne donne aucune victime originaire des Deux-Sèvres, il n'y a donc pas de poilus fusillés à rajouter par rappport aux listes des monuments aux morts de ce canton. 

    

Saint-Aubin-du-Plain (avec un cliché qui permet de voir la croix chrétienne)

Il est regrettable que, dans cet ouvrage, la photographie du monument de Saint-Aubin-du-Plain devienne très mauvaise dans la mesure où elle ne fait pas apparaître la croix chrétienne. Rappelons que, comme les préfets interdirent tout projet de ce type, l’astuce consista à mettre le monument dans le cimetière (comme ici), contre un mur du cimetière ou juste devant l’entrée de l’église paroissiale où les symboles religieux sont autorisés alors que dans l’espace public ils sont interdits. D’ailleurs une lecture de l’article présentée par les deux auteurs, montre que les personnalités extérieures à la commune invitées, pour l'inauguration du monument aux morts de Saint-Aubin-du-Plain, représentent la fine fleur du catholicisme du nord du département. On relève entre autre un abbé professeur au collège catholique de Châtillon-sur-Sèvre  (aujourd’hui Mauléon).

  La Chapelle-Gaudin

Une autre façon d’annexer discrètement les morts au catholicisme fut de choisir une Jeanne d’Arc ; avec sa canonisation récente (le 16 mai 1920) elle bascula très largement dans le camp des papistes, alors qu’avant 1914 les laïcs s'en réclamaient. Ils aimaient à rappeler qu’elle avait été trahie par son roi et brûlée par l’Église. La Chapelle-Gaudin et Saint-Maurice-la-Fougeronne jouèrent donc sur la présence de la Pucelle. La palme funéraire, la croix-de-guerre, une urne funéraire et la statue du poilu sont les éléments les plus présents dans les autres monuments aux morts.

Au-delà de quelques compléments qui auraient été souhaitables, ceux déjà cités et les questions de la fidélité des femmes et du travail aux champs de ces dernières (introuvables apparemment dans Le Courrier de Bressuire, qui peut s'autocensurer par rapport aux brutalités subies par des femmes ayant trompé leur mari, d'où l'intérêt à diversifier les titres de presse), cet ouvrage est intéressant pour les habitants de cet espace géographique et pour ceux d'ailleurs qui y trouveront des idées pour faire une recherche sur les poilus de leur ville ou de leur canton.  Au sujet des questions de la fidélité des femmes et le travail aux champs de ces dernières, on lira le roman Les Gardiennes d’Ernest Pérochon originaire du canton voisin de Bressuire, Geste éditions vient de le rééditer avec l’affiche du film qui en a été tirée (sortie officielle le 6 décembre 2017) comme l’avait fait, avec évidemment une autre couverture, l’éditeur Marivole il y a quelques années.  

Pour tous publics Beaucoup d'illustrations

Octave

Note globale :

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