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Boulevard des étrangers

Boulevard des étrangers
Les archives dormantes 237 pages
1 critique de lecteur

Avis de Octave : "Une villégiature imposée en Bretagne"

Cet ouvrage est le témoignage d’un Allemand qui, présent à Amiens en juillet 1914, fut interné en France comme des milliers d’étrangers des pays ennemis ou susceptibles de le devenir (comme les Italiens, dont le pays entra finalement en guerre aux côtés de la France et de ses alliés). L’auteur est né en 1880 à Lodz en Posnanie ; cette cité a été rattachée à la Prusse en 1793, contrairement à son homonyme, bien plus peuplée, qui se retrouva sous la coupe des tsars. Depuis 1912, il est peintre en France.                   

Ces pages, écrites en allemand et traduites pour nous,  évoquent d’abord le lynchage auquel le narrateur échappe dans les jours proches de la déclaration de guerre. Ayant fui à Paris, il ne peut trouver place dans un train pour être évacué. Après de brefs séjours dans l’Orne à Flers et La Ferté-Macé, son lieu de détention devient, à partir de début septembre 1914, une ancienne usine textile de Saint-Brieuc. Il restera dans cette ville jusqu’en janvier 1917, mais avec des passages à l’hôpital. Vu son état de santé, il est envoyé en Suisse neuf mois avant d’être rapatrié. Le quotidien décrit permet d’approcher non seulement les conditions d’internement particulières de ces étrangers mais également, à travers mille faits, les rapports humains qui se dessinent entre les prisonniers entre eux et entre ces derniers avec leurs geôliers.  

On retiendra l'esprit de ce récit :

«  Si je m’assois aujourd’hui pour remplir ces feuilles, ce n’est pas pour décrire le déroulement des événements – cela, je le laisse à des plumes plus compétentes que la mienne – mais pour essayer de mettre sur papier mes pensées et mon expérience personnelle. 

Certes, ces semaines resteront ineffaçables dans les mémoires, mais peut-être que l’un ou l’autre de mes proches s’y intéressera. Peut-être aussi, afin que ceux qui s’imaginent encore la guerre ou la gloire comme quelque chose de grand et de magnifique puissent entrevoir la misère que les ambitions des souverains et la cupidité du capitalisme ont infligée à des milliers et même des millions de citoyens innocents. À ceux-ci seront dédiées ces lignes. »

Des pages finales présentent les associations Bretagne 14-18 (née en 1996) et Les bistrots de l’histoire (apparus en 2001 à Saint-Brieuc). Ce sont deux associations où Ronan Richard est actif, c’est lui qui a découvert ce document dans des archives municipales et qui en assure une intéressante présentation.   

Pour tous publics Aucune illustration

Octave

Note globale :

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